Nabila Ben Youssef : Rebelle et insoumise
Nabila Ben Youssef n’espère pas seulement faire rire avec Arabe et cochonne bio, elle souhaite aussi montrer qu’il n’y a pas que des femmes arabes soumises. Il y a aussi des femmes arabes cochonnes!
Lorsqu’elle s’est installée au Québec en 1996, l’humoriste d’origine tunisienne voulait poursuivre sa carrière de comédienne. Aujourd’hui, si Nabila a un regret, c’est de ne pas avoir découvert l’existence de l’École nationale de l’humour dès son arrivée. "Ça m’aurait permis de gagner beaucoup de temps", dit-elle en résumant son cheminement composé d’auditions et d’ateliers.
Découragée par la rareté des rôles offerts à des étrangères avec un accent, Nabila se demandait ce qu’elle allait devenir quand elle a vu un spectacle d’Yvon Deschamps à la télé. "J’ai alors compris que le meilleur moyen de continuer à faire de la scène, c’était d’écrire mes textes et de les dire à ma façon, avec mon accent et mes origines." Ceux d’Arabe et cochonne bio ont été écrits avec Pierre Sévigny, appuyé par Sylvie Moreau et Isabelle Brouillette.
Suivent l’École nationale de l’humour et la première mouture d’Arabe et cochonne, rebaptisée Arabe et cochonne bio, en 2006. "Après Tout le monde en parle, j’ai reçu une tonne de courriels d’insultes. C’est pour ça que j’ai ajouté le "bio" au titre. Bio pour cochonne certifiée saine et contemporaine", explique celle qui ne voudrait pas non plus qu’on se souvienne d’elle seulement pour ses talents de danseuse. "C’est comme si on me disait: "T’es pas drôle mais tu danses bien." J’utilise le baladi dans mon spectacle parce que les gens ont des Arabes une image sombre, et je voulais changer cette perception. Je veux montrer qu’il n’existe pas que des femmes arabes soumises. C’est pour cette raison qu’un numéro est consacré au port du voile et aux accommodements raisonnables", soutient l’humoriste persuadée qu’en humour, tout peut se dire "si on le dit de la bonne façon".
Il faut aussi avoir envie de parler des thèmes abordés (sexualité, amour, religion et choc des cultures sont ceux d’Arabe et cochonne bio), les appuyer d’une recherche adéquate et, parfois, retirer les numéros qui ne suscitent pas le rire. "C’est le risque qu’on prend en rodant son spectacle en salle", note l’humoriste au sujet du numéro Air Saoudite Disjoncté qu’elle a retiré, même si elle l’aime beaucoup.