Stéphane Brulotte : Abus de pouvoir
Scène

Stéphane Brulotte : Abus de pouvoir

La saison québécoise de Duceppe se termine sur une note historique avec Une partie avec l’empereur. De Napoléon Bonaparte à George W. Bush, on discute théâtre et politique avec l’auteur et metteur en scène Stéphane Brulotte.

À lire la pièce de Stéphane Brulotte, l’histoire d’un comédien et joueur d’échecs (Gabriel Sabourin) engagé pour assassiner Napoléon Bonaparte (Benoît Brière), on ne se douterait pas que tout ça est né à cause de George W. Bush. C’est que Brulotte est capable de bien des indignations, jusqu’à s’imaginer, au plus fort de la guerre contre les prétendues "armes de destruction massive" en Irak, être invité à la table du président pour "mettre un peu d’arsenic dans sa soupe".

Tel un Victor Hugo des temps modernes, l’auteur et metteur en scène fait un détour par l’Histoire pour parler du temps présent, de la tyrannie de Napoléon Bonaparte jusqu’aux "guerres injustifiées" du président américain sortant. "Il n’y avait pas de véritables liens entre les attentats du 11 septembre et l’Irak, et pourtant, Bush poursuivait sans relâche son plan injustifiable. Pour le pétrole et par souci de vengeance personnelle, pour donner une leçon à Saddam Hussein qui avait attaqué son père pendant la guerre du Golfe, il s’est permis de causer la mort de centaines de milliers de personnes."

Napoléon Bonaparte ne rechignait pas, lui non plus, à ce genre d’abus de pouvoir. Mais l’histoire du petit caporal a surtout intéressé Brulotte parce qu’elle varie selon les perceptions. Contrairement à la figure unanimement abhorrée d’Hitler, le portrait de Napoléon est nuancé. "Il est encore admiré par plusieurs historiens, certains le nomment le "dictateur éclairé". Dans ma pièce, le comédien chargé d’empoisonner Napoléon est d’abord charmé par le personnage. Il est confronté au paradoxe napoléonien, celui d’un tyran qui force l’admiration."

Après Le Fou de Dieu, où il s’intéressait à la figure de saint François d’Assise, on voit bien que Brulotte n’en a pas fini avec l’Histoire. Mais cette fois, exit les allers-retours entre le passé et le présent par le biais d’un personnage aux identités multiples. Le texte emprunte une forme plus classique, nous plongeant directement dans l’époque et la situation. C’est aussi une première expérience de mise en scène pour l’auteur et comédien, qui a bénéficié de la complicité et de l’oeil avisé du metteur en scène Dominic Champagne.