Sylvain Larocque : Regard neuf
Avec le spectacle Vu d’même, Sylvain Larocque promet de porter un regard décalé et particulier sur le monde. Vaste entreprise.
Il a cette réputation d’être un humoriste particulièrement habile avec les mots, de passer la langue au tordeur et de ne jamais se gêner pour la manier avec crudité, sans filtres et sans faux-fuyants. C’est peut-être dû à son intérêt pour l’écriture – plus personne n’ignore qu’il est derrière plusieurs sketchs de la série Un gars, une fille – et peut-être aussi à son amour des planches, lui qui est de plus en plus comédien et a joué successivement dans les comédies Ladies Night et Mars et Vénus (qu’il a co-écrite avec Stéphane E. Roy).
En tout cas, le théâtre lui a fait rencontrer Serge Postigo, qu’il a engagé comme metteur en scène. Ça lui a aussi donné envie de jouer plus de personnages dans ce spectacle, comme cet homme politique dont il endosse le veston, le "chef du Parti Indécis". "C’est un parti d’extrême-centre, explique-t-il, qui n’arrive jamais à prendre position et à prendre des décisions, à l’image du Québec d’aujourd’hui et de sa mollesse caractéristique." Tiens, tiens, de l’humour politique? "Oui, mais pas trop, parce que ça n’intéresse malheureusement pas grand monde. Dans un univers politique comme le nôtre, sans leader charismatique et sans enjeux rassembleurs, le cynisme prend le pas sur le reste et ça ne donne pas le goût aux humoristes d’en parler."
En formule stand-up comique, Sylvain Larocque privilégie des thèmes plus larges, mais toujours sociaux, comme le conflit entre la génération Y et les baby-boomers, qu’il dit observer d’un "regard tordu" ou selon une "approche décalée". "J’essaie de développer une forme d’humour très personnelle, peut-être un peu plus cynique et intello, en variant les perspectives. Avec un grand souci de cohérence et en essayant de respecter un fil conducteur, je mets de l’avant différentes facettes de moi-même, ou bien je fais des observations sur le monde avec un regard particulier, un angle inédit."
Un exemple? Larocque aime bien citer le numéro dans lequel il parle de sexe hardcore dans un français sophistiqué et distingué, une manière différente de parler baise, avec finesse et intelligence, dit-on.