Denise Filiatrault : Voix d'or
Scène

Denise Filiatrault : Voix d’or

Pour la deuxième fois en carrière, Denise Filiatrault met en scène Les Leçons de Maria Callas, de Terrence McNally, cette fois avec Louise Marleau dans le rôle-titre.

Même si elle n’a pas la prétention de faire de grandes mises en scène et qu’elle n’est pas du genre à vouloir tout révolutionner, Denise Filiatrault a la sagesse de l’expérience (50 ans pour être précis). À l’écouter parler, elle n’est même pas un tout petit peu ambitieuse. La Maria Callas qui se présente devant ses élèves dans la pièce de Terrence McNally est un peu comme elle. La voix cassée, mais toujours majestueuse, elle vient transmettre sa passion, même si cela doit être fait avec dureté. Et presque chaque réplique a déjà été dite telle quelle par Maria Callas, au cours d’une classe de maître à New York en 1972.

"J’ai la réputation de diriger les acteurs comme le font les actrices, dit Filiatrault, en mimant pour eux ce qu’ils doivent faire plutôt que de les laisser trouver le bon ton par eux-mêmes. Il ne faut pas faire ça, et c’est vrai que je le fais quand on manque de temps, et parce que je suis un peu cabotine. Callas le fait aussi, parfois méchamment, mais dans un souci de transmission. Elle sait ce qu’elle fait, la Callas, même si elle est chiante, et je la comprends parfaitement. C’est pour ça qu’elle me touche autant, et aussi parce que c’est fait avec beaucoup d’humour."

Se permettre de revisiter une pièce déjà abordée 15 ans auparavant, c’est un luxe que peu de metteurs en scène québécois se payent. "Je n’ai pas beaucoup changé mon regard sur ce texte depuis la première fois. Je travaille toujours entre les lignes, m’intéressant au sous-texte, et j’y lis que c’est une femme blessée, qui n’a plus de voix et qui est morte d’amour pour un homme égoïste qui ne voulait pas lui donner l’enfant qu’elle désirait. Dans ses monologues, je veux qu’on la sente brisée, en miettes."

Louise Marleau, que Filiatrault a choisie pour interpréter la légendaire cantatrice, s’y mesure aussi pour la deuxième fois. Elle a d’abord enfilé les costumes de la Callas au Théâtre de la Dame Blanche en 2002. "Maria Callas, dit la metteure en scène, c’est un exemple de travail acharné. J’ai dit à Louise d’aborder ce rôle avec la même rigueur. L’art est pour elle une affaire de discipline et de recherche d’absolu, avant de devenir un refuge, un pansement à ses innombrables blessures."