Kevin McCoy / Sylvain Genois : Confrontations du quotidien
Cirque. Danse. Théâtre. Rencontre entre les arts et deux créateurs, Kevin McCoy et Sylvain Genois, aux horizons bien différents dans Rup-ture[s]. Regard sur une césure dans le quotidien. Sur un moment qui culbute sur lui-même.
Un homme entame sa journée. Il brosse ses dents. Nettoie son visage. C’est la routine. Ou presque… Ce matin-là, un choix sera fait qui bouleversera son existence ainsi que celle de ses proches, témoins de cette rupture du quotidien. "Vous avez déjà entendu l’expression "Je le connais comme si je l’avais tricoté", demande Kevin McCoy, metteur en scène. Le spectacle s’interroge sur ce principe: Est-ce qu’on peut vraiment connaître quelqu’un d’autre ou encore soi-même entièrement?" "L’essence de l’autre, c’est le secret, ajoute son collaborateur, Sylvain Genois. Toute la beauté du monde relève de ça. Et toute sa difficulté aussi." Rup-ture[s], c’est cette césure avec le quotidien. Et son impact, ses résonances.
Paradoxalement, Rup-ture[s], c’est aussi la rencontre entre deux créateurs, l’un issu du théâtre et l’autre du cirque. L’un porté par la philosophie de Léon Chestov. L’autre par L’Étranger d’Albert Camus. Dialogue entre disciplines. Spirale d’échanges entre différentes formes d’art qui culmine dans la création de la nouvelle compagnie Les Confins. "C’est assez vertigineux! À travers l’union, il y a le choc, la confrontation. Il y a des périodes de doute et de joie. Pour nous, Rup-ture[s], c’est une expérience humaine avant tout", explique Kevin McCoy. L’objectif? Aller au-delà de ses zones de confort. Exemple? "Les artistes de cirque donnent habituellement toute leur énergie dans un numéro de neuf minutes. Dans notre spectacle, ils sont sur scène pendant 90 minutes. En faisant du cirque, en faisant des scènes jouées, en étant là, constamment. Quand tu fais ça, tu te mets en danger. Et le public, lui, découvre les êtres humains derrière ces artistes, ces athlètes qui font des merveilles. On voulait montrer les fils derrière la performance, pas seulement la performance elle-même."
Sur la scène: technicien, musicien, artistes. Et un univers, celui du cirque, qui permet une grande liberté au créateur: celle de passer de l’énorme au petit. De l’ampleur d’un numéro de trapèze à un dialogue intimiste. "J’ai la conviction qu’à travers la "physicalité" du cirque, on peut exprimer des émotions très tranchées", estime Sylvain Genois. "On a mis de l’avant une thématique plus sérieuse et dramatique mais, bien entendu, on n’a pas non plus évacué le contexte lyrique et poétique associé au cirque. On se permet des ruptures de ton, qui sont représentatives de notre thématique, un peu comme un couple qui, en quelques secondes, peut passer d’un état d’esprit à un autre, de l’amour à l’agacement", ajoute son acolyte.
Et, au fil de tout cela, l’équipe de création espère que le public pourra s’identifier à ce qu’il voit sur scène. S’approprier les situations. Les ruptures. "Il faut que les gens voient ça comme une expérience entière qu’ils peuvent vivre eux aussi, ajoute Sylvain Genois. Le cirque, oui, c’est de l’émerveillement pur, mais des moments d’émerveillement comme ça, il y en a aussi dans le quotidien."