Le Blues d'la métropole : Vraiment dommage
Scène

Le Blues d’la métropole : Vraiment dommage

Le Blues d’la métropole n’a aucune chance de faire date. Le spectacle manque cruellement d’imagination et de substance.

On ne nous fera tout de même pas prendre des vessies pour des lanternes: Le Blues d’la métropole est une revue inspirée des chansons de Beau Dommage, pas une comédie musicale! On n’a pas su ici, comme c’est le cas pour Mamma Mia! ou We Will Rock You, servir une histoire en puisant dans le répertoire d’un groupe populaire. Le fil narratif est réduit au minimum, tordu ou alors inexistant. Les chansons ne font pas progresser le semblant d’action, elles brouillent les cartes. Ne cherchez pas une intrigue, même pas des personnages, il n’y a que les tergiversations amoureuses sans intérêt d’un groupe de jeunes gens dont on s’est contenté de tracer les contours.

La mise en scène de Serge Denoncourt, sans grande imagination, quand elle n’est pas carrément illustrative, n’améliore pas la situation. Il faut bien admettre que les craintes de Sylvain Cormier, du Devoir, étaient fondées. C’est ni plus ni moins à Québec Issime chante Beau Dommage qu’on a affaire. Chaque chanson amène son tableau, son changement de décor, sa chorégraphie le plus souvent accessoire. En deuxième partie, c’est pire encore. Quand Paul chante Le Picbois en giguant dans une forêt de tuyaux de sécheuse ou que François entonne Le Coeur sur la corde raide en se faisant passer la camisole de force par des infirmiers dansants, on sombre dans le ridicule.

Heureusement, pour traduire les années 70, bien mieux que le décor, les costumes et les projections douteuses, il y a les chansons de Beau Dommage. Les tubes sont au rendez-vous, mais ce sont souvent les pièces les moins connues qui sont les plus agréables à entendre, comme Le Passager de l’heure de pointe. On ne saurait trop remercier Denoncourt d’avoir imposé sa distribution de comédiens-chanteurs. C’est grâce à eux si on passe à travers la soirée. Ils ont peu à défendre, mais ils le font avec une indéniable conviction. Vocalement, Pascale Montreuil et Carl Poliquin se détachent du groupe, leurs interprétations sont de loin les plus touchantes, les plus texturées.

À la fin du spectacle, on saute une décennie pour nous servir des retrouvailles maladroites. Les filles sont devenues des mères. Les gars sont moustachus et bedonnants. On grince des dents, mais on n’est pas encore au bout de nos peines. En guise de rappel, cerise sur le sundae, on demande à la foule de prendre part à un medley karaoké. Voilà bien un procédé qui résume à lui seul le caractère désincarné de toute l’entreprise.