Dimitri de Perrot : Le sens de la vie
Les Suisses Dimitri de Perrot et Martin Zimmermann font une première incursion à Montréal avec Gaff Aff, un croisement inédit de musique, de danse, de cirque et d’arts visuels.
Quand ils se lancent dans une nouvelle création, Martin Zimmermann (sur la photo) et Dimitri de Perrot ne s’installent pas dans un studio, mais dans un vieux hangar industriel. Là, ils développent un univers dont les éléments forment un tout organique. "On prend toujours beaucoup de temps pour créer parce qu’on invente et on fabrique tout: la scénographie, la musique, la chorégraphie et les personnages, déclare de Perrot. Tout est un grand chantier de bricolage. On creuse d’abord la recherche sur les personnages, et ensuite, on travaille beaucoup en improvisation où une chose influence l’autre. Comme on a fait tous les deux des écoles d’art, notre approche est très visuelle. Le corps trouve sa place dans le décor par une manipulation très précise des objets, et la musique trouve aussi la sienne grâce à l’environnement visuel."
Issu du cirque et de la danse, Zimmermann produit la gestuelle. DJ à l’origine, de Perrot a fait de ses platines un instrument à part entière. Ses vinyles sont gravés de sons du quotidien qu’il marie en direct dans un dialogue étrange avec les corps sur scène. Dans Gaff Aff, qu’un Québécois traduirait par "Checke le singe", il n’y en a qu’un. Celui de l’homme moderne exposé sur un immense tourne-disque. Car les thèmes de l’identité et de l’adaptation à l’environnement sont au coeur du travail des deux Zurichois dont toutes les scénographies sont mobiles. Ici, une maison de carton en deux dimensions se transforme au fil de la pièce en toutes sortes d’accessoires.
"Au départ, on s’est dit qu’on a souvent le sentiment de tout connaître, d’avoir déjà tout vu, et que la chose la plus fascinante et la plus touchante qu’on ne prend peut-être plus le temps de regarder, c’est l’humain en soi, dans sa fragilité et ses contradictions, poursuit de Perrot. Alors on a choisi de l’exposer simplement dans sa vie quotidienne. Le carton est une métaphore de la peau qui protège mais qui est fragile, et du corps qu’on consomme comme on jette des emballages à la poubelle. Il évoque aussi une vie de toc qui ne rime à rien. Ça pose les questions d’où on va, à quoi sert tout ce qu’on construit et où sont nos valeurs dans un monde où tout est jetable." Rythmée comme un vidéo-clip, l’oeuvre interroge également la surabondance d’images et d’informations qui vide le personnage de sa vitalité.