Zab Maboungou : Danse ta ville
Scène

Zab Maboungou : Danse ta ville

Zab Maboungou cherche à incarner la montréalité dans Montréal by Night, une oeuvre de rythmes et de silences pour cinq danseurs et trois musiciens.

Élevée au son des tambours et dans la ferveur des danses africaines, la compositrice et chorégraphe Zab Maboungou associe la musique et la danse pour "fabriquer du temps". Elle écrit des partitions musicales avec lesquelles les danseurs doivent entrer en dialogue pour donner corps au temps que marquent les percussions.

"Les rythmes sont pour moi des personnages vivants, affirme la Franco-Congolaise d’origine. Ils vivent, ils meurent, il faut savoir les reprendre au bon endroit pour les faire se régénérer, et la conception rythmique dans ma musique se retrouve dans la manière dont j’orchestre le mouvement des danseurs. Dans Montréal by Night, on a deux tambours parleurs, qu’on appelle les téléphones africains, et un violoncelle. Des séquences percutantes sont entrecoupées de moments de silence qui répercutent ce qu’on a entendu et dont les interprètes se saisissent pour pouvoir produire leur mouvement. C’est là un aspect de la circularité qui est fondamentale dans mon travail."

Cette circularité, on la retrouve dans la disposition du public tout autour de l’espace scénique de la SAT, que la directrice de la compagnie Nyata Nyata a choisi pour son urbanité. Car la prémisse de cette nouvelle oeuvre est que la ville inspire notre façon d’appréhender le monde et que les corps subissent l’influence des lieux et en renvoient une certaine image. Difficile à mettre en scène, cette thématique se déploie dans la notion de "solidarité paradoxale" que la chorégraphe associe à Montréal.

"On ne peut pas dire qu’ici, on s’aime, on se comprend et on est bien où on est, mais la solidarité naît du fait des mouvements d’immigration et de la façon dont la ville s’est développée, lance la créatrice. Je mets donc en scène des gens qui, dans leurs distinctions et leur diversité, apprennent à vivre ensemble, doivent compter les uns sur les autres pour exister dans leur individualité. Cela se caractérise par des obliques dans la chorégraphie et dans la composition musicale où les trajectoires des uns et des autres sont régulièrement coupées."

De formations et corporalités diverses, les interprètes offrent un panachage de discrétion, de flamboiement, de fluidité et d’énergie plus brute dans leur façon d’exécuter le mouvement. En misant sur le travail du souffle et du rapport au sol, Maboungou ne manque pas de faire ressortir leurs personnalités.