Cabaret Insupportable III : Rire de soi
Scène

Cabaret Insupportable III : Rire de soi

Brigitte Poupart et Michel Monty président à un troisième Cabaret Insupportable. Bien qu’inégale, la soirée donne plusieurs raisons d’éclater de rire.

C’est dans une ambiance survoltée, une fois de plus, que la compagnie Transthéâtre présente son Cabaret Insupportable entre les murs du Lion d’Or. Puisqu’il s’agit de la troisième mouture d’un happening imaginé par Brigitte Poupart et Michel Monty en 2007, le public commence à connaître le concept. Pour subir le pire, se faire royalement casser les pieds et les oreilles, s’exposer aux comportements et aux discours les plus irritants, les gens répondent à l’appel en grand nombre, consentants et même enthousiastes. On les comprend. Rien n’est plus drôle que de rire de soi-même.

Quand le rideau se lève, il y a déjà plusieurs minutes qu’on nous impose les envolées lyriques de Ginette Reno et Marc Hervieux, des éclairages éblouissants et des retours de son stridents. On nous avait promis de nouveaux numéros, du début à la fin, et la promesse est tenue. Pas une once de réchauffé. Malheureusement, lesdits numéros sont loin d’être tous aussi solides. De manière générale, il faut le dire, la soirée, animée par Jacques L’Heureux, est moins relevée que celles qui l’ont précédée; moins diversifiée, moins dérangeante.

En juges désobligeants tout droit sortis d’American Idol, François Patenaude et Michel Monty apportent peu. Lassantes, leurs interventions à la fin de chaque performance freinent le déroulement de la soirée. On ne voit pas trop où François Marquis et sa fille Enza veulent en venir en chantant Le téléphone pleure de Claude François. Pas plus clair du côté de Guillaume Tremblay en ado boutonneux, de Guillermina Kerwin en professeure de théâtre bidon ou encore de Mathieu Quesnel en chantre de la culture africaine. La danse "expérimentale" de Paul-Patrick Charbonneau et Geneviève Laroche, "de retour du Festival d’Avignon", n’a pas grand-chose d’insupportable. On croirait que certains participants ont perdu de vue le thème de la soirée.

Heureusement, en première partie, deux numéros sauvent la mise: celui d’Enrica Boucher et Martine Francke, animatrice et chroniqueuse d’une émission sur l’hygiène féminine où on n’hésite pas à parler, entre autres, de "pertes blanches", et celui d’Élisabeth Sirois, qui enfile les certitudes sur la vie de couple, désopilante présentation PowerPoint à l’appui. Mais c’est la deuxième partie, absurde, décalée et légèrement subversive, qui offre les meilleurs moments.

Léa Simard, en victime d’abus qui ne jure que par la résilience, et Justin Laramée, en taulard adepte de tatouage et de poésie, sont hilarants. Même chose pour Brigitte Poupart et David Michael, qui adaptent Chambres en ville en comédie musicale en puisant du côté de la danse sociale et du répertoire de Caroline Néron. Un délice! François Bernier et Guillaume Girard, qui excellent dans le genre, sont deux irrésistibles samouraïs positivistes. Le sondage collectif de Patrice Coquereau, en fonctionnaire qui a de l’écume à la commissure des lèvres, est un bijou d’absurde.

Chaque soirée accueille un invité spécial. On promet Marie-Jo Thério, Florence K et Urbain Desbois. Le soir de la première médiatique, Vincent Vallières était au rendez-vous avec un We Are the World québécois clé en main, un hymne aux victimes d’une catastrophe… à venir. Ça c’est ce qu’on appelle de l’irrévérence.