4e OFF.T.A. : Abolir les frontières
Scène

4e OFF.T.A. : Abolir les frontières

Le 4e OFF.T.A. propose, en programme simple, double ou triple, les créations de plus de 200 artistes en théâtre, danse, performance, musique et installation. Coup d’oeil.

Les créateurs de la très belle affiche du 4e OFF.T.A. semblent avoir pris l’expression homme-sandwich au pied de la lettre. Sur la tête qui y apparaît, ficelée et presque entièrement recouverte de tranches de pain, on peut projeter bien des métaphores. On pense aux produits de consommation, emblématiques de nos vies formatées, mais surtout à l’oeuvre d’art, dont le caractère de plus en plus hybride et inclassable est en soi un acte de résistance. Cet homme pourrait bien être un artiste qui continue, contre vents et marées, à fixer l’horizon, déterminé à nous extraire du marasme. Disons que ça augure bien.

Pour ouvrir un événement qui concurrence de façon de plus en plus audacieuse et organisée le Festival TransAmériques, en plus de prendre plaisir à rompre avec la pensée unique et la complaisance ambiante, quoi de mieux qu’un cabaret politiquement engagé? Les Trois Tristes Tigres, la compagnie d’Olivier Kemeid, profitent du OFF.T.A. pour donner une nouvelle mouture de leur Cabaret Libre International de Montréal (CLIM). Après l’hérésie, l’utopie, la propriété, la violence et l’irrationnel, on se penche cette fois sur l’accommodement raisonnable. On saura le jour même qui sera de la partie.

Provoquant une rencontre entre deux créateurs, les soirées Mix-OFF sont emblématiques du OFF.T.A. Cette année, le metteur en scène Antoine Laprise et la danseuse Sarah Williams unissent leurs efforts, puis, l’artiste multidisciplinaire Nathalie Derome se frotte au presque aussi débridé Simon Boudreault. Dans le même ordre d’idées, il faut s’offrir l’un des programmes doubles pour comprendre qu’en croisant les disciplines, en décloisonnant les pratiques et les publics, on élargit ses horizons.

Nos choix

Dans toute cette offre, on s’intéresse tout particulièrement à Délîrïüm, une performance poétique de la slameuse Queen KA présentée entre les murs des Écuries; au "mimodrame pour adultes" Le Chaperon est-il si rouge que ça?, relecture du célèbre conte par David-Alexandre Després et Jean-François Nadeau; à la version labo d’En attendant Gaudreault et Ta Yeule Kathleen, les "tragédies humaines" de Sébastien David qui seront présentées, dans leur version définitive, au Théâtre d’Aujourd’hui la saison prochaine; et finalement à Just Fake It, la nouvelle création de Catherine Bourgeois de la compagnie Joe Jack et John, "une performance colorée, troublante et empreinte d’humour où quatre naufragés de notre monde d’apparence questionnent cette lueur de bonheur dressée sur un monticule de faux-semblants."

On profitera du OFF.T.A. pour revoir Personal Jesus, le solo de Gaétan Nadeau, et les Chroniques percutantes et contrastées d’Emmanuel Schwartz, quatre heures grisantes durant lesquelles brillent Marc Beaupré, Monia Chokri, Pascal Contamine, Émilie Gilbert, Francis La Haye, Ève Pressault et Mani Souleymanlou. Parmi les incontournables, ajoutons Le Moche, un texte corrosif de l’Allemand Marius von Mayenburg mis en scène par le directeur artistique du Théâtre de la Pacotille, Gaétan Paré. La soirée de clôture a été confiée à Guillaume Tellier, Alexis Lefebvre et Renaud Paradis. Ça s’intitule Les Vrais Météores de Mars et ça promet d’être absurde à souhait.

Du 28 mai au 6 juin
Divers lieux
www.offta.com

ooo

LA DANSE AU OFF.T.A.

Avec deux propositions in situ, des reprises, des extraits de nouvelles créations et autres oeuvres inédites à Montréal, le OFF.T.A. est doté d’une jolie programmation danse. On y retrouve des figures montantes de la relève, comme Séverine Lombardo avec ses jeux de lumières ou Normand Marcy dans une atmosphère inspirée des films de Wes Anderson. Frédéric Tavernini et Caroline Laurin-Beaucage y vont quant à eux de fort intéressantes collaborations avec des musiciens, tandis que k.g. Guttman intrigue avec une tentative de rencontre entre So You Think You Can Dance et Samuel Beckett. Un programme double attise plus particulièrement la curiosité, celui qui réunit deux oeuvres de la Manitobaine Freya Björg Olafson et une création de Kelly Keenan et Kira Kirsch qui visent à transformer notre perception du corps vivant. (Fabienne Cabado)