Denis Bouchard et Guylaine Tremblay : Les deux font la paire
Scène

Denis Bouchard et Guylaine Tremblay : Les deux font la paire

Après sept années à jouer ensemble à la télé, Denis Bouchard et Guylaine Tremblay prolongent leur collaboration sur les planches, dans Ça se joue à deux, une comédie dramatique qu’ils ont commandée aux auteurs d’Annie et ses hommes.

De la télé au théâtre? Est-ce bien ici la tentative? À observer la machine promotionnelle s’activer autour de ce spectacle, on pourrait le croire. Les références au téléroman Annie et ses hommes y sont omniprésentes, à cause de son duo d’acteurs-vedettes et de ses auteurs, le couple composé d’Annie Piérard et Bernard Dansereau, qui se risque à l’écriture théâtrale pour la première fois. Ils n’ont pourtant pas envie de faire du "théâtre télévisuel". Plutôt du "théâtre populaire et intelligent", comme le dit Denis Bouchard.

Guylaine Tremblay opine de la tête et ajoute: "Cette pièce constitue un défi pour les auteurs comme pour nous. On veut revenir à un type de théâtre où le jeu prédomine, sans costumes et sans décors, avec beaucoup de changements de personnages. Un peu comme quand on faisait nos autogérés en sortant de l’école."

Bien que certains téléspectateurs l’ignorent, la comédienne a joué dans plus d’une quarantaine de productions théâtrales en carrière, à Québec comme à Montréal, et elle a défendu certains des plus grands rôles de la dramaturgie québécoise, comme l’Albertine de Michel Tremblay ou la Nicole de 24 poses (portraits) de Serge Boucher. Idem pour Denis Bouchard, qui s’est en outre lancé en 2007 dans l’aventure du solo. Avec Ça se joue à deux, ils retrouvent le plaisir d’un théâtre dépouillé et inventif.

"Il y a une table et deux chaises, explique Bouchard. On avait le goût d’envoyer promener le réalisme télévisuel, de dire au revoir aux assiettes et aux linges à vaisselle pour faire quelque chose de plus ludique. On a dit aux auteurs de ne pas se censurer, que tout est possible au théâtre, qu’ils devaient profiter de cet incroyable espace de liberté." Tremblay nuance: "On est quand même des acteurs réalistes, et le jeu réaliste nous intéresse. C’est là-dedans qu’on est bons. On réinvente la réalité dans notre utilisation des objets et de l’espace, mais à l’intérieur de chaque scène, on s’attache à un jeu réaliste et senti."

Tour à tour, ils joueront les jeunes amoureux romantiques, le couple vieillissant, le couple en mal d’enfants, ou celui qui veut "réussir" son divorce. "Ce sont des tableaux, qui s’entremêlent, explique Bouchard. Tous ces personnages-là ont des relations les uns avec les autres, qu’ils découvrent au fur et à mesure. On ne voulait pas d’un show à sketchs."

Suit une discussion sur le rythme propre au drame et à la comédie, sur le fait que cette pièce les place à mi-chemin entre les deux et les garde alertes, que "le passage se fait parfois en l’espace de seulement trois répliques, comme une partition en montagnes russes". Mais ils parleront surtout d’amour, toujours d’amour.

"Est-ce que, lorsque la passion s’essouffle, l’amour demeure? Est-ce que la rupture provoque un réel anéantissement de l’amour ou plutôt une transformation des sentiments éprouvés pour l’autre? Et la question primordiale: l’amour ne demeure-t-il pas le plus grand défi à expérimenter pour l’être humain?"