André Sauvé : À la chasse aux papillons
Depuis un an et demi, André Sauvé présente son premier one man show à travers la province et il compte poursuivre l’aventure. À mi-parcours, il nous parle du plaisir, du silence, mais surtout des petits riens du quotidien…
"Je ne suis pas quelqu’un qui aime parler dans la vie. Je préfère de loin écouter que parler, mais dans ma tête, ça se met rarement à off", confie André Sauvé. Verbomoteur sur scène, il laisse une énorme place au silence dans sa vie de tous les jours. Pour créer, il doit passer de longs moments seul, en silence. L’humoriste puise son inspiration dans tout ce qui l’entoure. Il est passé maître dans l’art de décortiquer les choses simples de la vie et d’en extraire des réflexions à la fois loufoques et profondes. "Je me vois un peu comme un chasseur de papillons. Avec mon filet, j’essaie d’attraper au vol des idées et des observations du quotidien. Tout est là devant nos yeux, il faut seulement avoir la rapidité de les pogner au vol et de mettre ça sur papier; elle est là, la difficulté de l’exercice."
LA TÊTE DE L’EMPLOI
On a souvent qualifié l’humour de l’échevelé d’absurde, ce à quoi André répond: "Ce n’est pas moi qui suis absurde, c’est la vie. Quand j’écoute les conversations des gens qui m’entourent, ça passe toujours du coq à l’âne. Ce n’est pas seulement moi qui suis confus, ce sont les humains en général! Le vrai théâtre, il est là, dans le quotidien, je n’ai qu’à mettre un miroir devant et renvoyer l’image."
Lorsqu’on le voit, les yeux exorbités, s’enflammer sur scène en parlant de sa virée à l’épicerie, on se dit que sa vie ne doit pas être banale. Mais est-il réellement le personnage excentrique et, avouons-le, un peu bizarroïde qu’il incarne une fois sur les planches? "J’ai toujours fait rire mon entourage avec mes histoires, mes angoisses et mes travers. Je fais la même chose qu’avant, sauf que maintenant, c’est plus médiatisé, mais c’est naturel pour moi. Tout ce que j’écris part de moi, de mes propres réflexions." Parlant de son poulain, son mentor Yvon Deschamps a dit qu’il n’y avait pas de lignes très drôles ou de gags dans ses monologues, que c’était lui-même qui était drôle.
ASSUMER LE TITRE
Pour André Sauvé, le fait de pouvoir jouer sur le côté théâtral est très réconfortant: "Ça m’offre une plus grande liberté. Moi, un gag, ça ne me fait pas nécessairement rire, ce sont les manières qui m’intéressent", ajoute-t-il. Depuis qu’on l’a découvert en 2005, André n’a pas chômé. Après plusieurs Galas Juste pour rire, chroniques à 3600 secondes d’extase, apparitions à Caméra café et centaines de représentations de son one man show, il commence à assumer son rôle d’humoriste. "C’est certain que je n’ai plus le sentiment d’imposteur que j’avais au départ, mais je ne veux toujours pas me donner le titre d’humoriste seulement car je ne veux pas m’encapsuler moi-même dans un rôle et être pris au piège ensuite."
Un changement majeur est survenu depuis le lancement de son spectacle en 2008: le plaisir a pris le dessus sur l’angoisse. "J’ai encore le trac avant de monter sur scène, mais je ne suis plus angoissé comme avant. Une chance car je n’aurais pas "toffé la run"!" confie-t-il.