Naomi Stikeman : En orbite
Scène

Naomi Stikeman : En orbite

La danseuse et réalisatrice Naomi Stikeman s’est entourée d’artistes d’exception pour concocter Çaturn, un spectacle fait de cinéma et de danse.

Quel lien y a-t-il entre les dinosaures, un salon de coiffure et le sens de la vie? Pour le savoir, il faudra tenter l’expérience que propose l’Ontarienne Naomi Stikeman dans le cadre du Festival Danse Canada. Forte du succès d’un premier court-métrage qu’elle a chorégraphié, dansé et réalisé en 2005, l’ex-danseuse des Grands Ballets Canadiens de Montréal et de La La La Human Steps se lance dans la fiction avec Çaturn.

"J’avais envie de raconter une histoire, mais je n’avais pas envie de laisser cette responsabilité à la danse, lance la Montréalaise d’adoption. Je voulais conserver la liberté que procure sa dimension abstraite. Alors j’ai créé des courts-métrages entrecoupés de chorégraphies qui sont les répercussions physiques de ce qu’on a vu à l’écran et qui influencent aussi la suite de l’histoire."

Réalisés avec le concours du directeur photo et monteur Pierre Tremblay, les films suivent une trame narrative unique, découpant en tranches l’histoire d’une quête existentielle: Sophie (Stikeman) cherche à se situer dans le monde au moment même où son image s’efface de la mémoire de sa grand-mère, campée par Janine Sutto. Elle est appuyée par Chanel, propriétaire d’un salon de coiffure jouée par Frédérike Bédard (aussi coscénariste), et par Julien, alias Peter Chu, également danseur et chorégraphe dans le projet. Aux côtés de ces personnages principaux, Françoise Graton, Françoise Lemieux et Suzanne Garceau vivent des situations qui traduisent la force de l’inconscient collectif et l’idée qu’une mémoire de l’humanité traverse les âges d’une génération à l’autre.

"C’est vrai que Çaturn fait allusion à Saturne, la planète de la transformation dont nous faisons mention dans le spectacle, commente celle qui est aussi directrice artistique du projet. Quand on en parle, on dit toujours "ça tourne", en référence au cinéma mais aussi en référence aux cycles de la vie."

On parlera donc de vie et de mort dans cette oeuvre qui mêle humour et philosophie dans une atmosphère surréaliste chère à Stikeman. Sachant que la chorégraphe Crystal Pite est également de la partie, on se régale d’avance à l’idée de retrouver le comique et la dramaturgie propres à ses créations. "J’ai voulu souligner la dimension surréaliste et magique du projet en demandant à Crystal et Peter de créer les chorégraphies autour de perruques différentes", explique la jeune femme. Éléments importants d’une scénographie composée de deux écrans et d’un décor dont Stikeman préfère ne rien dévoiler, ces extravagantes coiffures aux allures de sculptures sont le fait du maître perruquier Richard Hansen, que l’artiste a rencontré grâce à son conseiller artistique et mentor, Robert Lepage.

"Robert est la première personne à qui j’ai parlé de mon projet en 2006, raconte-t-elle. Quand je lui ai demandé s’il pourrait me conseiller, il m’a dit: "Vas-y! Plus tu vas avancer et plus je vais savoir de quelle façon t’aider." Il nous a donné beaucoup d’idées pour le film et pour la scène."

Et comme si la brochette de créateurs n’était pas assez belle, on y ajoute la très subtile Lucie Bazzo aux éclairages, les compositeurs Richard Reed Parry et Matthew Banks, et l’ingénieux Alexander MacSween à la conception sonore.