Théâtre Fractal : Écrire l’histoire
À l’occasion du 60e anniversaire du Séminaire Sainte-Marie, le Théâtre Fractal organise un Conventum qui devrait prendre une étrange tournure.
Ces temps-ci, le tourisme culturel d’expérience est particulièrement à la mode. La région n’échappe pas à la vague. Pensons, par exemple, aux visites gustatives du Centre d’exposition Raymond-Lasnier, aux "nuitées" peu douillettes à la Vieille Prison de Trois-Rivières. Tout le mois de juin, un spectacle d’immersion s’ajoute à l’offre: Conventum du Théâtre Fractal.
Idée originale d’Éric Paul Parent, Marie Milette, Virginie Fréchette et Patrick René, Conventum se différencie du théâtre traditionnel par le fait que les spectateurs participent activement au déroulement de la soirée. Un peu comme dans les livres dont vous êtes le héros, le public doit faire des choix afin de résoudre l’énigme qui lui est servie. Pour ce projet – la compagnie a déjà cinq créations derrière la cravate -, le mystère prend racine dans l’espace du Séminaire Sainte-Marie. Là, selon la rumeur, des appareils s’allumeraient tout seuls, des formes étranges apparaîtraient parfois dans les couloirs. Les spectateurs, qui personnifient d’anciens élèves réunis dans leur bonne vieille institution à l’occasion d’un conventum, constateront que ces faits étranges ne tiennent pas seulement de la légende.
"Quand les gens vont arriver, le temps va être beaucoup plus étiré, explique Éric Paul Parent en comparant le spectacle à la version concentrée présentée lors de la conférence de presse. Il y a des animateurs qui sont là, qui se présentent comme des anciens élèves. Car on ne sait pas toujours qui sont les animateurs et les participants. On joue la scène: on se retrouve, on jase, on discute. Les discours commencent. Un événement inattendu se produit. Ensuite, on se dit qu’on va essayer de continuer la soirée; on passe à la visite des lieux. Et la visite est interrompue par d’autres événements. De fil en aiguille, on se rend compte qu’il y a un complot, une conspiration, et il faut que les gens trouvent la façon de résoudre l’énigme."
Toute l’action est soutenue par un canevas de base. Cependant, beaucoup de liberté est laissée aux spectateurs. "Si les participants prennent la relève et s’impliquent, on les laisse aller, explique celui qui a complété un doctorat en théâtre à l’Université du Québec à Montréal. Par contre, si les gens sont plus timides ou plus introvertis, les animateurs sont là pour s’assurer que l’action continue de se dérouler. Mais chaque participant a l’option de s’impliquer comme il le souhaite. Quelqu’un qui désire jouer le jeu à fond peut y aller. Les animateurs vont le nourrir, l’appuyer. On va tenter d’intégrer les gens le plus possible. Mais s’ils veulent rester simplement observateurs, ils peuvent."
Et comment les comédiens s’assureront-ils que l’histoire s’enchaîne correctement? "Dire comment les animateurs vont le faire, ce serait vendre les punchs. Le spectacle est vraiment conçu pour que les gens se demandent si c’est vrai ou pas. Donc, il n’y a pas de "on va faire semblant" comme dans un meurtre et mystère. On tente vraiment de fusionner la réalité et la fiction. En fait, je te dirais en une phrase: "Quand tous nos sens nous disent que c’est vrai, c’est très facile de croire que c’est vrai"", conclut-il.