Vicky Côté : Soirée bénéfice du Théâtre à Bout Portant
Il y a du nouveau pour le Théâtre À bout portant… Entrevue de terrasse avec la directrice de la compagnie, Vicky Côté.
Sur la petite terrasse du restaurant baieriverain qui accueillera l’événement-bénéfice du Théâtre À bout portant, Vicky Côté rayonne, son visage découpé dans le paysage sans frontière de la baie des Ha!-Ha! Il faut dire qu’elle rapporte de bonnes nouvelles de la métropole. Lors de sa deuxième participation au festival Vue sur la relève, la jeune femme de théâtre a vu un de ses spectacles attirer l’attention d’un jury.
En effet, après avoir déployé Rage sur la scène montréalaise le 9 avril dernier, elle a remporté le Prix du Cirque du Soleil, accordé par un jury de six représentants de l’organisme international. Le tout était assorti d’une bourse de 1000 $ qui contribuera à la mise en oeuvre de la prochaine production du Théâtre À bout portant.
Il s’agira d’un nouveau solo incarné par Côté, s’intéressant au phénomène de la régression physique et de la prise de conscience des limites qu’elle implique, aussi les limites qu’on se donne, et celles auxquelles on est contraint. La metteure en scène explique: "On se crée un carcan duquel on ne peut que difficilement sortir. Pourtant, il faut y arriver pour rejoindre l’autre."
C’est au démarrage de ce nouveau projet que serviront les fonds recueillis lors de la prochaine soirée organisée par le Théâtre À bout portant, au restaurant Opia de La Baie, un événement qui se veut unique et convivial.
"C’est aussi pour le plaisir d’être ensemble. Ce sont des textes, des chansons… Pas une pièce de théâtre." Avec Carolyne Tremblay (chant et caisse claire) et Patrick Simard (jeu), Côté s’adonnera à la lecture et à l’interprétation de paroles de chansons des années 1960.
Si l’essentiel des textes a d’abord été choisi par Côté, ses deux acolytes ont contribué à peaufiner le spectacle final. "Quand on touche à l’absurde ou au comique, on prend plaisir à le faire ensemble, à s’amuser autour de ça."
Pour la deuxième partie du show, les textes seront tournés vers le Fab Four. "Les années 60, ça a été la joyeuse époque de traduction des chansons des Beatles", rappelle-t-elle avant de se mettre à fredonner: "Tu dis oui, je dis non, tu dis qui, je n’sais pas son nom…" Puis encore: "Nous vivons dans un p’tit sous-marin jaune, un p’tit sous-marin jaune…"
Ce sera d’ailleurs une belle introduction pour la formation La Baie Road en formule trio (Louis Brassard, Luc Desbiens, Jean-Guillaume Simard, puisque Audré Lajoie sera absent lors de cette prestation), qui terminera la soirée d’un vibrant hommage aux Beatles.
COTE SOLO
Pas toujours facile de préparer un projet en solitaire. S’il est déjà ardu de retenir et de jouer un texte sans personne pour donner la réplique, le plus difficile survient beaucoup plus tôt, au moment même de concevoir le spectacle. "Il faut que tu aies un bon "auto-coup d’pied dans l’cul". Aller répéter toute seule, ce n’est pas évident. Il y a beaucoup de gens qui ne s’en sentent pas capables." C’est sans doute pourquoi il est nécessaire d’avoir des projets qui permettent de collaborer avec d’autres artistes.
C’est ce qui l’a amenée, entre autres, à participer à la plus récente production des Amis de chiffon, Carton rouge sur carré vert, qui l’a tenue en haleine pendant plusieurs semaines et qui tournera encore toute l’année scolaire à venir. "C’est un public qui se renouvelle constamment. Dans trois ans, le public de quatre à six ans sera entièrement différent. Ce n’est pas pour rien que Les Trois Cheveux d’or, ça fait 14 ans qu’il roule." Rien à voir avec le public adulte, toujours constitué, à peu de chose près, du même bassin – ce qui oblige sans cesse les compagnies de théâtre à repenser leur offre. "Ça change les possibilités de longévité d’un spectacle dans un même lieu."
UNE VOIE DE CONTOURNEMENT
D’ailleurs, cet été, Côté remettra ça avec le cabaret À tour d’rôle, où elle partage la scène avec Maud Côté et Guylaine Rivard, ainsi qu’avec le musicien Michel Otis. Elle envisage déjà avec grand plaisir de revenir à ce projet qui sera revampé pour l’occasion: "C’est un délire total. Quand on réécoute l’enregistrement vidéo, on entend seulement les spectateurs rire. À la base, on l’avait créé pour le plaisir de décrocher de nos recherches respectives. Un spectacle pour s’amuser. C’est un cabaret burlesque. De la folie pure et dure."
Vicky Côté prévoit aussi un projet de marionnettes où elle coordonnera ses efforts avec ceux d’Émilie Gilbert-Gagnon (qui fera aussi la mise en scène de la prochaine production du Théâtre CRI, une oeuvre originale signée Marie Christine Bernard) et Patrick Simard. Temporairement intitulé Recto verso, le spectacle de marionnettes se penchera sur l’idée de rendre la manipulation spectaculaire.
Et là ne s’arrête pas la liste des projets de Vicky Côté. C’est sans doute pour ça que chaque rencontre avec la jeune dramaturge donne un peu le goût de changer le monde.