Complexions Contemporary Dance : De la grande visite
Le chorégraphe Dwight Roden et la compagnie Complexions Contemporary Dance reprennent l’affiche du Festival international Danse Encore pour le Gala d’ouverture et une soirée complète à la salle J.-A.-Thompson.
Il y a fort à parier que de nombreux festivaliers trépignent d’impatience à l’idée de revoir les New-Yorkais de Complexions Contemporary Dance (CCD) à Trois-Rivières. Invités pour la troisième fois au Festival international Danse Encore, ils se distinguent par le caractère polymorphe d’une danse virtuose et athlétique que Dwight Roden et Desmond Richardson, les deux fondateurs et codirecteurs artistiques de la compagnie, ont cherché à développer dès les débuts de leur collaboration.
"En 1994, nous n’imaginions pas créer une compagnie; nous cherchions juste à sortir des ornières de la danse moderne avec une série de spectacles, raconte Roden. Nous n’avions pas d’argent, rien d’autre que de bons danseurs issus de compagnies émergentes de New York, et nous voulions expérimenter ce que pouvait donner le mélange d’interprètes issus de l’American Ballet Dance Theatre, de l’Alvin Ailey Dance Theatre [où les deux artistes ont dansé] et d’interprètes sans grande formation formelle. Nous avons été tellement inspirés de constater que ces danseurs de différents styles avec des qualités de mouvements différentes s’harmonisaient si bien que nous avons décidé d’aller plus loin et c’est ainsi qu’est née la compagnie. Au fil des ans, nous avons fait de ce concept original notre signature."
Majoritairement chorégraphiées par Roden, les oeuvres de CCD témoignent de la diversité des styles, à l’image de la programmation du Festival qui, pour sa 16e édition, attend quelque 250 artistes venus d’un peu partout et 4000 danseurs de la province. Et si la gestuelle s’ancre clairement dans la technique classique, que l’esthétique globale est résolument sculpturale et qu’elle affiche un évident lyrisme, elle se fait aussi parfois sensuelle et animale et l’on peut y sentir toutes sortes d’influences. "Il n’y a pas de catégorisation possible", affirme Roden en parlant de son style. Il faut dire qu’entre la télévision, le cirque, la comédie musicale ou la scène musicale étasunienne (sur laquelle Richardson, qui danse encore, s’est largement illustré), les deux complices ont cumulé une expérience dont la variété teinte leurs créations.
Comme pour mieux nous permettre de goûter la palette des saveurs chorégraphiques à leur répertoire, ils ont concocté un programme en trois temps avec un panaché de six extraits de pièces qui tournent actuellement. L’ouverture et la clôture de soirée sont assurées par les 17 danseurs de la compagnie avec Mercy, qui traite de grâce et de miséricorde sur une trame sonore faite de gospels et autres chants religieux, et Rise, un vibrant et dynamique hommage au pouvoir de l’amour sur des morceaux emblématiques de U2. Entre les deux entractes, trois duos et un octet sur la musique de Chopin permettront de mieux découvrir les individualités des danseurs.
"La musique est souvent une inspiration pour moi, confie Roden. Par exemple, j’ai créé Rise pour la simple et bonne raison que j’aime U2 et que je pense qu’ils ont créé des chansons qui reflètent bien le monde contemporain." Ainsi, son langage a beau être abstrait, entre la puissance évocatrice des musiques choisies et l’expressivité des danseurs, le public trouve toujours toutes sortes d’histoires à se raconter.