Henri Chassé : Vu d'ailleurs
Scène

Henri Chassé : Vu d’ailleurs

Henri Chassé a repris le rôle créé par Robert Lepage dans Le Dragon bleu. Après la Serbie, la France et l’Espagne, le comédien monte sur les planches du TNM. Discussion à propos d’une expérience professionnelle pas banale.

De la fresque homérique au vaudeville, de Koltès à Dalpé en passant par Marivaux et Tremblay, Henri Chassé a pour ainsi dire tout joué. À 50 ans, le comédien arrive tout de même à s’offrir une première fois: tenir un rôle dans un spectacle de Robert Lepage. Ni plus ni moins qu’un rêve qui se réalise.

"C’est une oeuvre qui m’a toujours beaucoup inspiré, explique Chassé. Particulièrement La Trilogie des dragons, où le personnage de Pierre Lamontagne a vu le jour. J’aime le jeu intimiste des spectacles de Lepage, un registre qui s’apparente à celui du cinéma. Le Dragon bleu est une aventure très agréable, une expérience professionnelle unique. Je suis particulièrement heureux, et aussi rassuré, que ce soit un spectacle pour trois comédiens et non un solo."

Tout en avouant qu’il aurait bien aimé participer à l’élaboration d’une oeuvre sous la houlette du grand metteur en scène, le comédien affirme qu’il y a quelque chose de grisant à se glisser dans une production à ce point réglée au quart de tour, un spectacle qui met aussi en vedette Marie Michaud et Tai Wei Foo. "Il y a des tas de paramètres à respecter. Il a fallu que je me prépare beaucoup de mon côté. Que je mémorise le texte en français et en anglais. Que je peaufine le passage en mandarin. Que j’assiste plusieurs fois au spectacle depuis les coulisses. Que j’apprivoise le micro. C’est un travail de précision. En plus, il y a des petites choses qui changent assez souvent, des passages qui s’améliorent. Ça ajoute au défi."

Le spectacle dresse un portrait de la Chine contemporaine tout en jetant un regard sur le Québec. Il est question d’art contemporain et d’adoption internationale, de capitalisme et de communisme, de contrefaçon et de tatouage, de publicité et de désirs inassouvis. Ici, tout le monde manipule tout le monde. Chassé donne au personnage de Pierre Lamontagne, galeriste québécois installé à Shanghai, de nouvelles couleurs. "On est tellement différents, Robert et moi, que j’apporte forcément autre chose au personnage. Pour moi, Pierre est en exil, mais surtout en fuite, en dépression. Je pense que, par conséquent, je le joue de manière moins énergique que Robert."

Le comédien avoue qu’il n’est pas mécontent d’arriver à Montréal avec 29 représentations derrière lui, en français et en anglais, sans compter, dans chaque ville, les enchaînements techniques et les répétitions générales. "J’ai joué le spectacle pour la première fois à Belgrade. En anglais. J’avais moins le trac, probablement parce que je ne connaissais personne. Ensuite il y a eu la France et l’Espagne. L’automne prochain, c’est l’Asie. Je suis content parce que je commence à avoir un vrai plaisir à le jouer."

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AU BIC TOUT L’ÉTÉ

Cet été, Henri Chassé partagera la scène avec Monique Spaziani dans Une heure et demie de retard, une comédie sur la vie de couple que l’on dit drôle et émouvante. La pièce des Français Jean Dell et Gérald Sibleyras est mise en scène par Eudore Belzile, du Théâtre les gens d’en bas. Ça se passe au charmant Théâtre du Bic à compter du 6 juillet. Rés.: 418 736-4141.