Gilles Latulippe : Rire? Oui, je le veux!
Scène

Gilles Latulippe : Rire? Oui, je le veux!

Sprint vers Drummondville pour La Course au mariage, rare manifestation burlesque menée par le maître, Gilles Latulippe.

Il a 51 ans de métier dans le corps et toujours une blague dans sa manche. Gilles Latulippe est un résistant, un magicien du rire. Ne lui parlez pas de snobisme quant au genre de théâtre qu’il affectionne, car ses salles sont pleines et le feu qui l’habite n’a jamais failli.

Cet été, il revient à la charge avec La Course au mariage. Le comédien, auteur et metteur en scène est-il fébrile à quelques jours de la première? "On a toujours une espèce de trac, même quand ça fait 100 fois qu’on joue. On n’est jamais à l’abri de quelque chose qui pourrait arriver. On est 10 sur scène, 10 qui pourraient avoir un trou de mémoire… C’est ça qui est fantastique."

Faisant partie du palmarès des pièces les plus jouées de Latulippe, La Course au mariage fut créée au Théâtre des variétés en 1974. Encore d’actualité? Eh bien, le rire a encore la cote, non!? "C’est une drôle d’histoire. Georges Guétary m’avait donné l’idée. Un de ses amis, l’acteur Omar Sharif, était un jeune premier, un coureur de jupons. Il aimait avoir une femme différente à tous les soirs dans son lit, mais il ne voulait pas qu’elles s’attachent. Il s’était donc arrangé pour que les lendemains matin, sa propre fille arrive et fasse une scène devant la femme qui était là pour la faire partir. Elle disait: "C’est effrayant! T’as abandonné maman!" et ça marchait. C’était comme ça à tous les matins. J’ai écrit La Course au mariage à partir de ça."

Évidemment, entre les mains de Latulippe, l’anecdote est devenue une histoire avec son lot de complications. "C’est le propre d’une comédie. La pièce ressemble à ce qu’on fait habituellement; c’est burlesque."

MORT ANNONCÉE DU BURLESQUE

On parle souvent des clichés du burlesque (quiproquos, claquage de portes, cocus, maîtresses…), mais il s’agit également de solides balises. Limitatif ou libérateur, le burlesque? Ça dépend des bottines dans lesquelles on se trouve. "Le texte de La Course au mariage fait une centaine de pages. Les comédiens apprennent ça par coeur. Le seul qui se permet des libertés, c’est moi. Les gens s’attendent à ça. Je ne mets pas la pièce en péril, mais je peux ouvrir une fenêtre, faire des gags… et revenir. Je vais toujours revenir les chercher."

Ces dérapages contrôlés, Gilles Latulippe les effectue avec la maestria qu’on lui connaît. "Si les gens veulent voir ce genre de spectacles, ils n’ont pas le choix de venir à Drummondville, car il n’y a que moi qui en fais. Après, ça va s’arrêter." Le burlesque est voué à disparaître? "Oui, comme il a disparu en Angleterre et aux États-Unis."

Toutefois, le genre semble frappé par le démon du midi: un certain regain de popularité s’observe auprès du jeune public. Gilles Latulippe nous le confirme: "Année après année, il y a de plus en plus de jeunes qui viennent. On le sent." Le burlesque à la mode? Pourquoi pas.

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BLAGUE À PART

On ne pouvait pas conclure l’entrevue sans demander une petite blague à Gilles Latulippe… "Le gars rencontre son chum. Il lui dit: "Ça fait deux ans que je t’ai pas vu. Qu’est-ce que t’as fait?" "C’est ça que j’ai fait, deux ans.""