Gabrielle Néron et Fabrice Watelet : Hors les murs
Sur le bitume, près de l’eau ou même dans des appartements privés, le Festival de théâtre de rue de Lachine propulse le théâtre au coeur de l’urbanité. Zoom sur deux spectacles qui mettent les mots de l’avant.
Cette année à Lachine, il y a beaucoup de texte dans les différentes propositions des artistes. Fabien Cloutier et Jean-Philippe Baril-Guérard, par exemple, racontent des histoires rocambolesques dans la tradition du conte québécois. Certains lanceront les mots de Cocteau ou des frères Grimm: des paroles diversifiées au possible.
Puisque le théâtre de rue n’a rien d’une discipline homogène, on aura aussi affaire à des marionnettes, des machines sonores, du théâtre musical, ainsi qu’à toutes sortes de réappropriations du territoire. Le Théâtre Nulle Part investit les toilettes publiques, alors que la compagnie française Friches théâtre urbain propose de suivre ses échassiers et artificiers dans un immense spectacle déambulatoire. Ce sera sans contredit l’événement majeur du Festival. On a plutôt choisi de vous parler d’artistes qui se situent à mi-chemin, entre l’amour du texte et l’ébranlement du territoire.
La comédienne Gabrielle Néron orchestre une adaptation théâtrale en plein air du poème Encore une fois sur le fleuve de Jacques Prévert. Au bout d’un quai surplombant le canal de Lachine, devant le vieux fort, des comédiens de différentes générations (comme Catherine Bégin et Benoit Drouin-Germain) lanceront les mots tout simples de Prévert. "Je trouve, dit Néron, que la poésie de Prévert arrive à témoigner de la grandeur des choses toutes simples et à rendre accessibles et populaires les plus grandes beautés. J’y réponds en invitant le spectateur à suivre les mots, qui circulent dans l’espace et ne demandent qu’à être entendus. Il faudra composer avec le vent et les vagues, mais surtout créer une grande proximité entre les acteurs et les spectateurs."
Les comédiens français de No Tunes International, de passage pour une deuxième année consécutive au Festival, débarquent en uniformes de facteur et vont cogner aux portes de Lachine pour lire des lettres d’amour ou de calomnie, insufflant humour et théâtralité aux correspondances les plus diverses. "On fait ce qu’on appelle de l’intime extérieur, explique le directeur artistique, Fabrice Watelet. On entre chez les gens, et c’est de l’ordre du culot. Mais comme tout est fait avec humour, il est rare qu’on se bute à une porte fermée. Les gens chez qui on va cogner sont invités à devenir acteurs du spectacle, au grand bonheur du public qui nous suit dans notre parcours de porte en porte."