Il fait dimanche et Journal de bord : Aux antipodes
Avec Il fait dimanche et Journal de bord, les finissants de l’École nationale de cirque, sous la supervision de Shana Carroll et Guy Alloucherie, offrent deux visions très contrastées du cirque contemporain.
Tout comme pour le spectacle qu’elle a conçu l’an dernier pour l’École nationale de cirque, la cofondatrice des 7 doigts de la main Shana Carroll a imaginé tout un scénario pour Il fait dimanche. Secondée par Alain Francoeur, elle met en scène le quotidien stéréotypé et mécanique de familles bon chic bon genre dans une banlieue tranquille des années 50 et en gratte le vernis en introduisant des éléments de subversion.
Dominée par des numéros aériens traduisant le désir d’échapper à la réalité, l’oeuvre se tient bien du début à la fin, révélant le talent incontestable des finissants et celui des autres élèves de l’École, largement mis à contribution et fort bien exploités. Conçu sur deux niveaux, l’espace scénique est toujours bien occupé, les mouvements de groupe sont savamment orchestrés et les transitions entre les numéros, particulièrement soignées.
On pense, par exemple, à cet ingénieux panorama des intérieurs des maisons, ou encore à ce trampoline-table qui devient fenêtre, puis écran de télé dans lequel on entre pour une émission de variétés tandis qu’en fond de scène, une femme est assise face au petit écran. Avec des pointes d’humour et d’émotion, l’ensemble est dynamique et efficace, à l’instar d’une recette qui a fait ses preuves.
Appuyé par Howard Richard, le Français Guy Alloucherie a pris le risque d’une mise en piste beaucoup plus audacieuse dans Journal de bord, cherchant à mettre en oeuvre des concepts contemporains dont le choix paraît souvent arbitraire et qui, la plupart du temps, tombent à plat. Si les explications alambiquées sur le processus de création qu’ont suivi les élèves pour le spectacle soulignent la qualité réelle d’un travail chorégraphique et théâtral approfondi, elles ne donnent pas au spectacle la cohésion qui lui manque.
Incongru, le placage de discours franco-français sur la lutte des classes dans la bande sonore ne parvient ni à donner du sens à l’oeuvre ni à créer le lien voulu entre collectivités circassienne et locale. Quant à la multiplication d’actions sur scène, elle noie malheureusement le fruit du travail de plusieurs élèves dont on souligne pourtant très avantageusement la polyvalence. Une démarche intéressante et exigeante qui aura sans doute marqué les étudiants, mais s’avère trop ambitieuse pour un spectacle de finissants.
Il fait dimanche:
Journal de bord: