Jean Maheux : Duo de chocs

Pour les artistes, le théâtre d’été n’a rien d’une sinécure. L’ouvrage à abattre est colossal pour en arriver à faire rire et émouvoir les vacanciers, mais plusieurs trouvent leur compte dans les joies de la vie en campagne. Parlez-en à Jean Maheux, heureux comme un pape à l’idée de sa saison estivale au Théâtre La Marjolaine d’Eastman, dans les Cantons-de-l’Est. "Ça faisait longtemps que je louchais vers la région, nous avoue-t-il. Je vais faire de la bicyclette le jour et du théâtre le soir!"

Une fois le casque de vélo rangé, le comédien et chanteur enfilera le costume du chanteur de charme Eddy Martin, personnage au coeur de l’intrigue de la pièce Les Inséparables. "C’est un gars qui cherche à faire une espèce de retour. Les Inséparables, c’est un duo, un crooner et son accompagnateur, qui fonctionnait très bien il y a 20-25 ans. Il y a eu une période d’éclipse et là, des problèmes financiers les poussent à vouloir revenir sur le marché." Faire de la musique pour régler des dettes? Voilà qui confirme que Les Inséparables appartiennent à une autre époque…

Le personnage de Maheux n’a rien perdu de sa superbe de jadis. "Il ne se sent pas abattu ou trop vieux pour faire un retour." Y a-t-il là un clin d’oeil à nos crooners québécois, toujours bien sapés et fringants, qui parfois nous reviennent en force? Tout à fait. "C’est une sorte d’hommage à ceux qui ont eu une longue carrière dans le show-business. Je pense à Louvain, Lalonde, Lautrec… Ils ont marqué leur époque, mais ça ne demeure pas évident de tenir le coup aussi longtemps. Ce sont des gens avec une grande humanité. On sent bien ça dans l’écriture de Claude Montminy."

Dans Les Inséparables, Jean Marchand joue Louis, un pianiste de formation classique qui fait de la chanson populaire bien malgré lui. "Les deux gars ont une grande amitié; ils se complètent bien. C’est une sorte d’odd couple… mais ce n’est pas un couple, quoiqu’ils ont élevé une fille [interprétée par Véronique Claveau] ensemble. On ne sait pas qui est le père. C’est l’un des deux, car ils ont chacun connu la mère… et dans un sens biblique à part de ça", s’amuse à préciser Jean Maheux. Cette paternité flottante constitue l’un des enjeux de la pièce.

Un quatrième personnage viendra bousculer l’univers de cette iconoclaste famille: un jeune rappeur (interprété par Marc St-Martin) qui a du succès et qui vient prendre un cours de piano. "Il va les provoquer. On va bien sentir le décalage entre les générations." Dans la lignée des pièces de La Marjolaine, Les Inséparables ne joue pas la carte du rire à tout prix. "Selon le metteur en scène, Yvon Bilodeau, c’est le public de La Marjolaine qui permet ça. Il y a donc des moments très intenses. Parfois, ça se chicane, mais ça demeure drôle… Les personnages, ils sont concombres!" Et Dieu sait qu’une cucurbitacée, ça badine!

Du 23 juin au 28 août
Au Théâtre La Marjolaine (Eastman)
www.lamarjolaine.info