La Roulotte : Forêt magique
Scène

La Roulotte : Forêt magique

Trente-neuf parcs montréalais recevront la visite de La Roulotte cet été avec Le Magicien d’Oz. Entretien avec Félix Beaulieu-Duchesneau, qui fabrique des histoires en plein air.

Au rayon des activités familiales de l’été, les spectacles de La Roulotte sont tout bonnement incontournables. L’an dernier, pas moins de 11 000 personnes ont applaudi Les Aventures de Lagardère mises en scène par Frédéric Bélanger. Fondée en 1953 par nul autre que Paul Buissonneau, la compagnie réunit des finissants du Conservatoire d’art dramatique et de l’École nationale. Cet été, la troupe offrira 49 représentations du Magicien d’Oz dans 39 parcs de la ville.

"Ça fait à peu près sept ans que je fantasme à l’idée de mettre en scène un spectacle de La Roulotte, avoue Félix Beaulieu-Duchesneau. C’est en écoutant le film de Victor Fleming, blotti contre ma petite fille, que j’ai eu l’idée d’adapter Le Magicien d’Oz. Le roman de Lyman Frank Baum, publié en 1900, est une vraie mine d’or, un bassin fertile. Il accorde une telle place à l’imaginaire et à l’émerveillement! C’est très stimulant. Les possibilités d’appropriation sont infinies."

Jouer dehors

Dans son adaptation, le jeune homme a choisi d’insister sur le fait que Dorothée est orpheline. "Dorothée n’accepte pas que ses parents soient morts. C’est une peur fondamentale qu’elle ressent. Elle dessine partout, sur les murs, les planchers… les créatures qui seront les personnages du pays d’Oz, à commencer par l’épouvantail, le bûcheron et le lion. En fait, elle se crée un monde parallèle, celui où ses parents ont été emportés par une tornade. Sa quête devient par conséquent plus viscérale, elle s’apparente à un rite de passage. Quand la tornade revient, un an après la mort de ses parents, elle plonge dedans à pieds joints."

À en croire le principal intéressé, concevoir un spectacle pour La Roulotte implique un certain nombre de belles contraintes. "On est dehors. On n’a pas d’éclairages. N’importe quoi peut distraire le public. Un écureuil peut supplanter ce qui se passe sur scène. Dans le jeu, il faut travailler sur le focus, la précision, la projection. Il faut rendre l’intrigue claire. Interpeller les spectateurs. Miser sur la musique, le chant, la marionnette, l’objet… La Roulotte a quelque chose de fondamentalement artisanal. À mon avis, c’est ce qui fait sa beauté."

Pique-nique en famille

Pour de nombreux enfants, La Roulotte offre un premier contact avec le théâtre. Et, qui plus est, gratuitement. "Il y a des enfants, des parents, des grands-parents, explique le metteur en scène. Le spectacle s’adresse à des jeunes de sept ans et plus, mais il y a aussi beaucoup de bébés. Moi-même, quand ma fille avait quatre jours, je l’ai emmenée voir Le Baron de Münchhausen. Ça a été son baptême théâtral. Elle ne s’en souviendra pas, c’est certain, mais moi je vais m’en souvenir toute ma vie! En préparant ce spectacle, j’ai beaucoup pensé au mandat de La Roulotte. Les enfants sont capables d’en prendre! J’essaie d’être fou avec eux, mais sans les prendre pour des cons. Je fais le pari qu’ils vont embarquer dans le délire comme dans le drame. J’espère qu’ils vont triper, passer un beau moment de pique-nique en famille. Si je réussis juste à faire ça, je vais être très heureux."