AO / Yvon Bilodeau : L’histoire sans fin
AO raconte l’histoire du monde, avec un début, une fin qui n’en est pas une, ainsi qu’une tonne d’"effets wow" entre les deux. Le metteur en scène Yvon Bilodeau nous parle des défis de cette méga-production drummondvilloise.
Matthieu Petit
Présenté sur une imposante scène située aux abords d’une forêt drummondvilloise, le spectacle à grand déploiement AO s’apprête à reprendre du service pour une quatrième année. Grâce à lui, le pèlerinage des adeptes de méga-productions québécoises passe inévitablement par Drummondville. Cette création qui réunit le talent de moult artistes (dont le chanteur-poète Raoûl Duguay et le musicien Michel Cusson) reprend le flambeau de ce qui fut un fleuron du genre, Les Légendes fantastiques.
Les bois s’étant imprégnés de récits de jadis, AO a conservé cette propension pour le merveilleux. "AO, c’est une légende qui en contient plusieurs", précise le metteur en scène, Yvon Bilodeau. Celui qui a été le tireur de ficelles dès la genèse de ce spectacle semble soulagé d’avoir atteint l’an 4… "C’est une grosse affaire. L’an dernier, j’étais très satisfait; il ne restait plus grand-chose à modifier. Cette année, j’ai seulement changé quelques virgules, amélioré de petites choses… Ça prend trois ans pour monter un spectacle de cette envergure, principalement en raison du temps dont on dispose."
La complexité d’une telle entreprise vient également de sa multidisciplinarité. "Il y a une bonne parenté avec la comédie musicale. C’est un mélange de plusieurs genres. Il y a de la danse, des chansons et, à certains moments, on utilise la forme théâtrale, le dialogue." Ainsi, AO suit une trame bien précise. "C’est l’histoire du monde. AO, c’est pour alpha et oméga. C’est le début et la fin. Plusieurs questionnements demeurent, mais ce n’est pas un show qui se veut moralisateur, avec une vision pessimiste."
Selon Yvon Bilodeau, une histoire solide était essentielle au salut d’AO, même si ce genre de spectacle veut constamment en mettre plein la vue au public. "L’histoire, c’est une contrainte créative qui aide à garder le cap, qui devient une force. Sans ça, AO serait un show de bâtons de feu, avec performance par-dessus performance. Ça prend des "wow", mais si on en mettait plus, on aurait un surplus de crémage sur un super bon gâteau." Vaut mieux être repu que de risquer un haut-le-coeur collectif.
LA FORCE DU NOMBRE
AO est un show également porté par la force du nombre. Chaque soir, c’est une centaine de personnes qui s’animent sur la scène. "Durant l’été, il y a deux équipes qui se relaient, la A et la O. Ce sont des gens qui donnent de leur temps bénévolement."
L’implication de la communauté, c’est grisant en théorie, mais en pratique, est-ce que ça donne de l’urticaire au metteur en scène? "Disons que ça ne se fait pas en criant ciseau, exprime-t-il. Ce qui a facilité les choses, c’est qu’il y en a qui sont là depuis le tout début des Légendes fantastiques. C’est devenu une grande famille tricotée serré, qui prend soin de ses nouveaux. Il y a une entraide formidable. Les gens que je salue le plus dans cette aventure, ce sont eux."
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