Martin Petit : Foutre le feu aux tabous
Martin Petit crie dans un porte-voix ce que l’homo quebecus n’ose même pas avouer à demi-mot. Déboulonnons les tabous avec un humoriste au micro de feu.
Humoristes en herbe, sortez vos cahiers Canada. "Pour faire un bon spectacle, il faut à mon sens que tu touches les trois zones en c, le coeur, le cerveau et les couilles", pense Martin Petit, qui saisit Le Micro de feu pour son troisième one man show. Un inventaire méticuleux des tabous accablant la société québécoise qui plongera, ça va de soi, en zones intimes. Mais pas exclusivement. "Il y a 15 ans, les tabous, ça égalait toujours dans notre tête sexualité – "il paraît que du monde font des affaires dans leur sous-sol". Quinze ans d’Internet plus tard, on sait que ce n’est pas une rumeur, que des gens ont des activités sexuelles spéciales, en un clic tu les vois toutes. Ça me permet d’attaquer d’autres sujets."
Quoique… Forcené blogueur, Martin Petit a sondé ses lecteurs question de ne pas passer outre à un tabou incontournable. Le premier en tête: la sexualité chez les personnes âgées. "Visiblement, les gens ont un malaise avec ça."
Parmi les autres suggestions retenues, on se surprend de retrouver le nom d’Anne-Marie Losique, non pas parce que la productrice-bimbo-provocatrice professionnelle constitue en elle-même un tabou, mais parce que Petit se permet pour la première fois d’illustrer ses propos en nommant directement certains people. "Les filles aujourd’hui ont un peu trop abandonné le féminisme, juge-t-il. La job qui restait à finir, elles ne sont pas en train de la faire. Les nouveaux modèles féminins – Paris Hilton, Britney Spears, Lindsay Lohan – sont trash, lâchées lousse, leur concept d’égalité n’est plus suivable. La femme d’affaires qui assume son côté charrue, ça marche pas pantoute."
SUR LE BILLOT
Au risque de passer pour un poltron, on ne déculotte pas tout le monde sans se mettre soi-même en danger. Petit se commet de périlleuse façon, en donnant son avis sur le travail de ses potes humoristes, un groupe d’artistes dont le notoire esprit de corps frôle parfois le corporatisme. "Fondamentalement, on s’aime beaucoup, beaucoup, mais je suis capable de commenter et de les adorer. J’ose dire dans le spectacle que telle affaire, je ne le ferais pas. Dans ces moments-là, je sens les gens se dire: "Hé, crisse, qu’est-ce que t’es en train de faire là?""
Entre la coloc de matante Ginette "avec qui elle vit depuis 25 ans sans qu’on puisse prononcer le mot lesbienne" et le cousin "qui pense qu’il est dans la CIA parce qu’il est agent de sécurité", le tabou ultime demeure la religion. "Je pensais qu’on était capable d’aborder ça de front et d’en rire, mais ce n’est pas le cas. Il y a comme un résidu de quelque chose, je sens les gens légèrement plus crispés quand j’aborde ce sujet-là. J’ai l’impression que ça fait 20 ans que j’essaie d’écrire ce numéro. Trouver un angle qui va faire rire tout le monde partout au Québec, à toute heure du jour, n’a pas été aisé."
À voir si vous aimez /
Louis-José Houde, Guy Nantel, Laurent Paquin