Firenza Guidi : Réalisme magique
Firenza Guidi est l’auteure et metteure en scène qui a contribué à façonner la signature unique du NoFit State Circus. Ce dernier nous arrive avec Tabú, un spectacle déambulatoire sur la peur qui fascine partout où il passe.
Le fait que le chapiteau du NoFit State Circus ait l’air d’une soucoupe volante symbolise à merveille le caractère avant-gardiste de cette troupe cosmopolite de Cardiff. Un journaliste du Guardian y voit même le futur du cirque britannique, la comparant à un Cirque du Soleil sans le côté Disney aseptisé. "Pour nous, le spectacle est la célébration d’un processus de travail et non un produit, commente la metteure en scène Firenza Guidi. Les mécanismes de la magie du cirque sont totalement révélés aux yeux du public et on montre l’humanité des personnes, la vulnérabilité, l’imperfection."
Empreintes de beauté, de poésie et de sensualité, les oeuvres du NoFit State n’ont rien de sophistiqué ni de surfait. L’exploit, ici, est au service entier de la sensibilité et du partage avec le public. Invité à pénétrer dans ce monde qu’il observe habituellement de loin, il déambule au gré de ses envies, libre de poser son regard sur l’une ou l’autre des actions qui se déroulent autour et au-dessus de lui. Cette prise de risque éminemment contemporaine démystifie définitivement le cirque et le place résolument au rang de discipline artistique. Même si, au pays de Galles comme dans le reste de la Grande-Bretagne, il est encore peu développé. "Le spectateur est actif et fait partie de l’écriture du spectacle qui est chorégraphié avec une méthodologie faisant en sorte qu’on s’interroge sans cesse sur ce qui est calculé ou impromptu, note Guidi. Les artistes sont très libres, sans pour autant improviser: ce sont des êtres humains en création perpétuelle, non des machines à répéter."
En choisissant la peur comme thème central de Tabú, la Milanaise d’origine met de l’avant une émotion omniprésente dans le quotidien circassien et surtout dans la vie de chacun. Peur des autres, de ne pas être aimé, d’avoir honte, de mourir, de perdre le contrôle, des êtres chers… L’idée est déclinée sous différents aspects par 13 performeurs et cinq musiciens live, autre marque de fabrique du NoFit State. Et comme toujours, un auteur a accompagné le voyage de la création et en a teinté le résultat. Cette fois, c’est Gabriel García Márquez et l’univers de Cent ans de solitude dont le réalisme magique cadre parfaitement avec l’esprit de l’oeuvre qui sera adaptée à l’espace de la Tohu.