La montagne qui marche : Déplacer des montagnes
Scène

La montagne qui marche : Déplacer des montagnes

Une grosse tortue incarne La montagne qui marche au Théâtre de la Dame de coeur. Apprenons comment déplacer des montagnes avec Richard Blackburn, son directeur artistique.

Une tortue aurait créé le monde, selon de nombreuses mythologies indiennes et amérindiennes. Au Théâtre de la Dame de coeur, on n’accouchait pas du monde l’an dernier, même si construire une marionnette de tortue géante, protagoniste-pierre angulaire de La montagne qui marche, aura été une tâche presque aussi colossale, requérant ingénieurs et nombre de spécialistes durant deux ans.

Un reptile qui, lorsqu’il décide de venir pondre ses oeufs à l’entrée d’une mine d’or, sème la pagaille dans un village mono-industriel. "C’est vraiment une allégorie, explique le directeur artistique et auteur de la pièce, Richard Blackburn. On confronte cette mythologie de la tortue avec celle de l’or. Il y a toute une partie de l’histoire que seuls les adultes peuvent saisir, un discours engagé autour du capitalisme. L’or, c’était jadis la chair du soleil, l’épiderme des dieux, maintenant c’est la valeur refuge du système économique. Les anciennes civilisations, par observation de la nature, créaient des analogies, et c’est intéressant de les confronter à notre modernité."

Mais ne nous y trompons pas, ce sont les enfants que l’on veut au premier chef ébaudir avec la marionnette faisant environ 30 pieds de haut et 20 pieds de large, propulsée par des éléments multimédias et un sophistiqué système de muscles à air allemands. "Sa peau, ses yeux, ses paupières sont animés. Elle est capable de s’attrister, de rire, de se choquer, elle est très organique. Elle devait pouvoir émouvoir."

Papa accompagnateur, celui qui veut toujours savoir comment ça marche, n’a pas à s’inquiéter, il sera invité à pénétrer le secret des dieux. "Les enfants ne voient que le côté magique de l’affaire, mais les adultes se demandent bien comment tout ça peut être patenté, ce qui fait qu’à la fin du spectacle, on permet au public de rencontrer les marionnettistes, de voir les mécanismes et les agrès."

MARIONNETTES D’ATHLÈTES

Malgré le grand déploiement de La montagne qui marche, seulement sept marionnettistes donnent vie aux personnages en sprintant comme Usain Bolt. "On a travaillé avec le Département de médecine sportive de l’Université de Montréal, souligne Blackburn. Ils ont étudié toutes les contraintes associées à notre pratique afin qu’on soit le plus efficace dans les courses en coulisse, qui nécessitent une grande capacité cardiovasculaire."

Et parce que la magie n’opère pas que sur scène à la Dame de coeur, les frileux redoutant la fraîcheur des soirs d’été, calés dans leur banc pivotant – puisque le spectacle se déploie sur 270 degrés -, pourront se réchauffer grâce à un système breveté de… bretelles chauffantes!