Éric Longequel : Peau de chagrin
Scène

Éric Longequel : Peau de chagrin

Dans M2, les quatre jongleurs de la compagnie belge Ea Eo étudient la violence des relations humaines dans un espace qui se réduit. Rencontre avec Éric Longequel, le Français de la bande.

Imaginez-vous à quatre dans une pièce de huit mètres carrés qui se rétrécirait inexorablement pour n’offrir finalement plus qu’un mètre carré d’espace vital. En partant de cette idée graphique comme base de travail pour leur création collective, les quatre complices d’Ea Eo en sont vite arrivés à la thématique des tensions sociales qui peuvent naître dans un tel contexte.

"La pièce est basée sur des rapports à trois contre un, sur la pression du groupe sur un individu, et on essaie d’évoquer tous les visages que la tension peut prendre, explique Éric Longequel. Parfois, l’agressivité est très claire, comme à l’école quand un premier de classe est mis à part. Parfois, elle s’exprime de façon plus sournoise, comme quand quelqu’un se veut protecteur et qu’il devient envahissant."

Construite sous forme de tableaux entre tendresse, solidarité et violence plus ou moins larvée, M2 met en scène des personnages inspirés des personnalités mêmes de Longequel, qui jongle avec des balles, et des trois autres artistes, Sander De Cuyper, Jordaan De Cuyper et Bram Dobbelaere, qui manipulent des massues. Et si la tension monte à mesure que le spectacle avance, celui-ci reste de nature majoritairement abstraite.

"On cherche à dégager des émotions plutôt qu’à les décrire ou à raconter quelque chose, commente le Français. Si je veux traduire de l’agressivité, je ne vais pas la mimer mais faire en sorte que mon rapport à l’objet et à mon partenaire soit agressif. Le jonglage doit être organiquement agressif pour toucher directement le coeur des gens sans passer par le cerveau."

Pour parvenir à leurs fins, les artistes misent aussi sur un travail d’états émotionnels emprunté à la technique du clown et sur un rapport au corps nourri par différents types de danse, leur nombre leur permettant de transcender l’art du jonglage. "Dans un premier temps, le jonglage devient plus riche à quatre pour des raisons purement techniques, note Longequel. On dispose de plus de mains et on occupe un espace plus grand. Mais ce qui est le plus intéressant, c’est tous les rapports sociaux que cela permet d’évoquer, comme dans cette scène où les trois autres me collent et me forcent à jongler en me manipulant. C’est ambigu parce qu’ils me forcent et ils m’aident à la fois, parce que si une balle m’échappe, c’est un autre qui la récupère."

Un autre exemple des approches contemporaines que nous donne à apprécier le festival Montréal Complètement Cirque.
www.montrealcompletementcirque.com