Sheldon Perry : Mécanique des sols
Sheldon Perry est l’un des six danseurs de Tap Dogs, une production qui a renouvelé les claquettes en les faisant rimer avec rock et triomphe.
Fabienne Cabado
Le Festival Juste pour rire les avait invités en première nord-américaine en 1997; il remet ça avec l’assurance d’un succès garanti. De fait, depuis sa création à Sydney en 1995, le spectacle Tap Dogs a remporté l’adhésion du public des quelque 300 villes qu’il a visitées. Conçu par le chorégraphe Dein Perry, il met en scène six danseurs athlétiques sur un chantier de construction. Exit les souliers vernis. C’est avec des bottes que l’on frappe le sol dans un déploiement de force virile, d’énergie et d’humour.
"On construit toute la scénographie en assemblant poutres, passerelles et échafaudages", précise Sheldon Perry, frère du chorégraphe, danseur et également répétiteur. "Il y a un contremaître, son bras droit [Travis Knight, originaire de Brossard], un apprenti, un gars plus branché et celui qu’on appelle le rat parce qu’il est plus espiègle, plus retors. Les personnages sont forts et sont restés les mêmes au fil des ans. On a ajouté quelques nouveaux numéros mais on a plus raffiné les choses que fait de gros changements. La pièce est devenue beaucoup plus musicale, les éclairages et le son ont pris plus d’importance."
Pour commencer, les danseurs créent eux-mêmes la musique en jouant sur des rythmiques et des sonorités variées. Ensuite, un musicien entre en jeu avec un rock puissant. "Nous avons voulu former un orchestre de claquettes et moderniser le style en faisant quelque chose qui puisse entrer dans une nouvelle ère, ajoute Perry. C’est pourquoi nous avons mixé les claquettes avec de la musique, du son et des lumières rock. C’est autant un concert qu’un spectacle de danse ou de théâtre."
L’aventure de Tap Dogs débute par une mère passionnée par les grandes figures de la comédie musicale américaine qui inscrit ses enfants à des cours de claquettes dès l’âge de quatre ans. Sa fille deviendra professeure de claquettes, deux de ses fils sont aujourd’hui à la tête de deux compagnies après s’être distingués de diverses façons. Leur plus grande source d’inspiration fut Gregory Hines, star de Broadway qui brisa l’image du danseur en smoking en affichant une allure désinvolte et sexy, utilisa le mouvement comme générateur d’émotions, et sortit de la rythmique du jazz pour oser les ruptures de ton et une danse hors de la mesure. Comme lui, les Perry remportent un franc succès auprès du grand public.