Jacques Poulin-Denis aux Escales improbables : Vivre dans la nuit

Chorégraphe, danseur, comédien, compositeur-interprète… Jacques Poulin-Denis semble avoir tous les talents. Ses premières oeuvres, toutes très différentes les unes des autres, témoignent de sa multidisciplinarité, mais aussi d’une grande sensibilité et de la singularité d’une signature déjà bien affirmée.

"Malgré la diversité de mes créations, je constate que je suis tout de même cohérent dans ma démarche: je suis assez loufoque et le lien avec le spectateur est toujours très important, remarque-t-il. Il y a une grande proximité avec le public dans Dors et dans Cible de Dieu (un solo qui sera par ailleurs présenté le 11 septembre à la maison de la culture Frontenac). Je m’adresse directement aux gens. Je veux vraiment que mon travail parle."

Sans proposer de déambulation, la pièce de groupe programmée le 8 septembre aux Escales improbables de Montréal (EIM) immerge le spectateur au sein même de l’oeuvre, cherchant à recréer les conditions d’un dormeur au plein coeur de la nuit. Alors, un autre monde se révèle et prend d’assaut les sens: un plancher qui craque, une goutte d’eau qui obsède, un cauchemar qui saisit, les bruits étouffés des disputes des voisins, des corps qui s’unissent… L’espace scénique, tout comme le temps, se dilate, s’étendant jusqu’aux passerelles et aux coulisses du Studio du Monument-National. Aussi délirants que low-tech, les éclairages sont assurés par Marie-Ève Pageau et la musique, électroacoustique, est manipulée en direct par le compositeur Martin Messier. Des interprètes, on ne dira rien pour préserver les surprises.

Si Poulin-Denis a peu contribué à la création sonore de cette oeuvre, il avoue s’inspirer de la composition musicale pour chorégraphier. "En électroacoustique, souvent, je prends un son, je le transforme et j’en crée peut-être huit différentes versions qui se développent au cours de la pièce, explique-t-il. Et c’est un peu ce qui se passe dans mes créations chorégraphiques, dans la manière dont les personnages apparaissent et dont leur trajet se développe. Je suis moins intéressé à créer du mouvement que des courbes, des montées, des ruptures… Je m’attache plus à la théâtralité et à la construction générale de l’oeuvre."

Avant le spectacle, le Café du Monument-National accueillera une performance musicale et dessinée de Jean-Baptiste Maillet et Romain Bermond, et après, une prestation musicale de Julie Seiller, Stéphane Fromentin et Thomas Poli.

Exotiques escales

Les EIM innovent cette année en proposant des escales de nuit où sont également programmés les New-Yorkais de Banana Bag & Bodice et les Allemandes de Chicks On Speed. En après-midi, les escales sont plus nombreuses sur les Quais du Vieux-Port. On pourra faire des Siestes musicales, entendre un opéra de rue et des collages sonores, s’offrir une pêche aux sons, déambuler dans une installation visuelle et sonore, suivre l’évolution d’une peinture collective improvisée, voir un peintre et un musicien créer conjointement en direct, ou encore, assister à des performances théâtrales ébouriffantes. C’est gratuit. Pourquoi donc s’en priver?