Sylvie Drapeau : La vie en rose
Scène

Sylvie Drapeau : La vie en rose

Gourmande, insatiable et lumineuse: voilà comment Sylvie Drapeau décrit Édith Piaf, qu’elle interprète dans la comédie musicale Piaf.

Édith Piaf était excessive. On aurait tendance à croire que Sylvie Drapeau l’est aussi, à voir le rythme et l’énergie avec lesquels elle enchaîne les rôles les plus exigeants et les plus variés au théâtre. Piaf, telle que l’a dépeinte l’auteure britannique Pamela Gems, lui offre à nouveau une partition en montagnes russes. Jacques Rossi est à la mise en scène.

Femme forte, parfois rustre malgré son charme naturel et son goût du luxe, la Môme n’est pas un rôle trivial de comédie. "Piaf demande une composition approfondie, mais en même temps un fini plus rough, dira la comédienne en éclatant de rire. Elle a ses subtilités, ses zones d’ombre, mais c’est une bonne vivante, avec une surface très rude. Mais surtout, la petite fille rejetée par ses parents et les traces des difficultés de ses débuts sont indélébiles."

Ce qui ne signifie pas que l’actrice doive aborder le rôle à l’aide des outils psychologiques habituels, ni qu’il faille se vautrer dans ses blessures et son intériorité troublée. Ce serait mal connaître Sylvie Drapeau, qui dit voir chaque nouveau rôle comme une "sculpture" ou un "personnage à modeler". "Elle vivait à 100 milles à l’heure, alors c’est d’abord ce rythme-là que j’essaie d’imprimer à mes gestes, en réservant bien sûr des moments de lenteur; ces moments où elle reçoit des coups qui la forcent à s’arrêter. Mais je trouve qu’il y a aussi quelque chose de céleste autour de cette femme qui est née dans la boue, mais qui a passé sa vie dans la lumière. Je quitte autant que je peux les explications et j’entre dans cette énergie fulgurante, parfois irrationnelle, qui la traverse du début à la fin."

L’enfant abandonnée, la chanteuse glorieuse, l’intoxiquée chronique, l’amoureuse blessée, "victime d’une peine sans fond qui connecte avec la peine originelle de l’abandon": tous ces fragments de personnalité se rencontrent dans la pièce, même si l’essentiel est de témoigner de l’ascension fulgurante de la star.

"Comment quelqu’un peut-il traverser la vie en touchant autant de gens? se demande l’actrice. C’est gigantesque, le raz-de-marée qu’elle a produit. C’est un miracle qu’elle ait gardé sa voix avec le genre de vie qu’elle menait. C’est un miracle qu’elle ait survécu à toutes les épreuves qui se sont présentées à elle. C’est de ce génie-là que le spectacle veut témoigner."

Prenez note que Dominique Leduc tiendra le rôle-titre pour la représentation du 27 octobre, Sylvie Drapeau ayant dû se retirer pour des raisons de santé.