Tony Yazbek et Louis Gloutnez : Pas de deux
Scène

Tony Yazbek et Louis Gloutnez : Pas de deux

Le Festival du Monde Arabe fusionne musiques et danses libanaises et québécoises dans Je me souviens 2.0, auquel participent le chorégraphe Tony Yazbek et le danseur Louis Gloutnez.

Déployée sous le thème des "Arabitudes", la 11e édition du Festival du Monde Arabe (FMA) s’inscrit résolument contre les intégrismes culturels et pour une évolution des traditions toute en souplesse et en ouverture. On y a déjà vu des danseurs soufis tourner sur des chants grégoriens et qui ont même partagé la scène avec des danseuses du ventre – ce qui était nettement moins heureux, avouons-le. L’an dernier, les mondes libanais et québécois y ont mixé leurs traditions musicales et dansées dans le spectacle Je me souviens, repris cette année dans une forme à peine revisitée.

Pour cette rencontre qui est d’abord musicale, le compositeur Sean Dagher a puisé dans les folklores syro-libanais et québécois les musiques les plus susceptibles de se marier, comme la dabkeh et le reel. Fils d’un Libanais et d’une Écossaise, il a ciblé les dénominateurs communs dans les composantes rythmiques et dans l’énergie de ces musiques et, de concert avec son homologue Nizar Tabcharani, il a cherché à en peaufiner la fusion pour Je me souviens 2.0.

Du côté de la danse, on reste dans la forme de la réplique que se donnaient en 2009 les cinq interprètes québécois de la chorégraphe Véronique Papillon et les huit danseurs de la compagnie Al-Arz, basée à Ottawa et dirigée par Tony Yazbek. "Il y a quelques nouvelles pièces de musique et quelques ajustements dans les mouvements, mais globalement, les danses restent les mêmes", commente l’homme de 58 ans qui a fondé Al-Arz en 1976, à son arrivée au Canada. "On y reconnaît l’identité libanaise et l’influence de son folklore, mais ce ne sont pas des danses traditionnelles: je crée mes chorégraphies en m’inspirant des sentiments qu’évoque la musique, de thèmes de la vie quotidienne et je suis aussi influencé par des styles de danse comme le jazz."

En dehors de l’intégration d’une danseuse de baladi, rien n’a bougé dans la chorégraphie de Papillon qui a recruté l’interprète Louis Gloutnez (identifié à tort comme chorégraphe dans les documents de présentation) pour agir à titre de répétiteur et remonter le spectacle. Le tout sera accompli en 12 heures de répétitions entre Québécois et six heures de rencontres avec les danseurs d’Al-Arz.

"J’aime cette fusion arabo-québécoise qui nous amène à changer de rythme et de tradition dans un même morceau", commente celui qui se passionne pour le folklore québécois depuis l’âge de 7 ans. "On passe par exemple d’une rythmique de 3/4 ou 4/4 à du 7/8 pour que ça aille sur la musique arabe. On dirait presque que les pas sont syncopés. Mais ce que je trouve le plus difficile, c’est d’intégrer des pas libanais dans la gigue, car je suis habitué à des pas de base simples sur des chorégraphies complexes."

Un spectacle festif pour célébrer les joies du multiculturalisme dont les enjeux politiques seront débattus à l’occasion de la table ronde "Et le dialogue au Québec?" où seront réunis six participants parmi lesquels Serge Bouchard. Le célèbre danseur de baladi Ilhan Karabaçak, un grand habitué du FMA, présentera quant à lui la pièce de groupe CorporELLES, créée avec Korhan Basaran.