Michel Nadeau : Rafraîchir la mémoire
Michel Nadeau reprend sa mise en scène d’Un sofa dans le jardin, 23 ans après la création de la pièce. Production vintage, avec une nouvelle distribution.
Créée en 1987 au Conservatoire, puis présentée à la Bordée, à l’Espace Go et à la Maison Théâtre, notamment, Un sofa dans le jardin est la pièce qui a "mis le Théâtre Niveau Parking sur la map", rappelle Michel Nadeau. "Comme on fête notre 25e anniversaire, on a pensé que ce serait bien de reprendre ce succès, poursuit-il. D’une part, pour ressortir une création collective, dire que ça vaudrait la peine d’investiguer ce répertoire. D’autre part, pour montrer ce qu’on faisait dans ce temps-là."
Car, outre la nouvelle distribution ainsi que quelques modifications mineures au texte et à la mise en scène, le spectacle est demeuré essentiellement le même. Il s’agit en quelque sorte d’une reconstitution, basée sur leurs documents d’archives. À ce propos, la difficulté qu’ils ont eue à récupérer l’information stockée sur les supports technologiques de l’époque leur a fait réaliser à quel point le monde avait changé en deux décennies…
N’empêche, la pièce, elle, semble avoir résisté à l’épreuve du temps. "On s’est rendu compte que non seulement l’objet dramatique tenait toujours, mais qu’il était encore plus d’actualité maintenant", relate-t-il. Entre autres en raison de sa thématique environnementale, alors qu’il tourne autour d’une petite fille dont le père éboueur accumule les vidanges depuis qu’elles ont été cotées en bourse.
En fait, le crédit de cet avant-gardisme revient au hasard, puisque le spectacle est né du choix aléatoire de trois mots: sofa, mourir et jardin. De là découlait naturellement l’idée d’un sofa dans un jardin, "d’un objet de l’intérieur qui contamine l’extérieur. Puis, on s’est dit que ce serait bien qu’il y ait d’autres choses, que l’artificiel contamine le naturel, et que le thème serait la mort, donc, la disparition, la dégradation des choses". Résultat: une fable "dans l’esprit de Mafalda ou de Zazie dans le métro", où une enfant passionnée de dinosaures nous raconte l’histoire de sa famille en voie d’extinction.
Côté mise en scène, la tendance était alors à l’exploration de différents moyens d’expression. "Les jeunes metteurs en scène essayaient de raconter différemment. Moi, je désirais utiliser beaucoup la musique et le corps, explique-t-il. Il y a un côté cartoon là-dedans. Ce n’est pas une pièce psychologique; elle demande un tonus physique très important. Et il faut une vérité humaine, mais dans un niveau de jeu qui n’est pas réaliste."
Finalement, il remarque que tous les publics y ont trouvé leur compte, les adultes appréciant les mots d’esprit, et les jeunes, la musique, le mouvement. "Les gens disaient qu’ils avaient beaucoup ri, que ça ne ressemblait à rien d’autre, se souvient-il. Parce qu’on parlait de sujets graves, mais de façon humoristique et avec poésie." Parions que, même après toutes ces années, l’ensemble n’aura rien perdu de sa fraîcheur.