Profils atypiques : Brève scène 2010-10-28
Pas évident d’obtenir un spectacle un tant soit peu homogène quand on demande à deux metteurs en scène de diriger cinq comédiens issus de trois continents dans un collage de textes signés par trois auteurs aux plumes contrastées? Le défi n’est d’ailleurs pas totalement relevé par Khalid Tamer et Julien Favart. Rencontre, croisement des cultures et hybridité sont de belles idées qu’il n’est jamais simple de concrétiser sur une seule et même scène. Pourtant, il y a bel et bien quelque chose d’universel dans le propos de cette coproduction France-Québec-Maroc intitulée Profils atypiques. Les dérives de la société capitaliste, la manière cruelle dont les carcans politique et économique entraînent le nivellement et l’exclusion: voilà bien une situation tristement généralisée, de plus en plus planétaire. Le système bureaucratique broie souvent les femmes et les immigrants, mais aussi les névrosés, les inadaptés et combien d’autres individus qui osent s’éloigner des normes. Si le spectacle présente plusieurs faiblesses, notamment en ce qui concerne la mise en scène, schématique, et les "chorégraphies", maladroites, il reste que les comédiens s’en tirent fort bien. Au risque de paraître chauvin, il faut dire qu’Annick Fontaine est particulièrement convaincante. Diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Québec en 2002, la jeune femme est dotée d’un aplomb peu commun. Il faudra la garder à l’oeil! Quant aux textes de Koffi Kwahulé, Louis-Dominique Lavigne et Nadège Prugnard, ils visent souvent juste. On n’échappe pas à quelques lieux communs, un peu de didactisme ici et là, de la caricature aussi, mais l’humour et la satire font souvent mouche et les formes adoptées, du choeur au monologue en passant par le slam et la chanson, sont appréciablement diverses. Au Prospero, jusqu’au 30 octobre.