Une tache sur la lune / Jacinthe Tremblay : Une brèche dans le réel
Le Théâtre du Double Signe propose son premier Petit Dimanche matin de lecture publique de la saison, Une tache sur la lune, un texte de Marie-Line Laplante mis en lecture par Jacinthe Tremblay.
Le Théâtre du Double Signe a confié une délicate mission à la comédienne et metteure en scène Jacinthe Tremblay: la mise en lecture de la pièce Une tache sur la lune. Elle a accepté cet artistique office sans sourciller car elle en comprend les nuances, les limites. "Ce n’est qu’une direction de jeu. Ce qui est difficile, c’est de ne faire entendre qu’un texte et de ne pas avoir d’idées de mise en scène. On fait appel à l’imaginaire du public pour qu’il fasse ce travail." Selon sa vision, un dénuement total s’imposait. "Il n’y aura aucun effet. Rien. Pas de son, pas de lumière. C’est un choix. Au départ, je voulais faire entendre et voir bien des choses, mais il a fallu que je me retienne à deux mains."
Par contre, on ne lésinera pas sur l’ambiance… et les viennoiseries. La convivialité est de mise lors des Petits Dimanches matin de lecture publique du Double Signe. "On vient pour entendre du théâtre tout en prenant le temps d’être ensemble. On repart de là avec un bon morceau de bouffe et un bon morceau de théâtre." Il s’agit d’une belle occasion de rencontrer les artisans (habituellement en coulisses… ou sur le gros nerf), que ce soient ceux de la lumière (les comédiens) ou ceux de l’ombre. Sauf que cette fois, l’auteure ne sera pas de la partie; Marie-Line Laplante vit présentement en Europe.
C’est Patrick Quintal, directeur artistique du Double Signe, qui a fait le choix de la pièce. "Il aime faire connaître la littérature dramatique québécoise. Marie-Line Laplante, elle a une douzaine de textes à son actif. Elle est éditée, montée, mise en lecture… Elle a un bon bagage derrière elle", établit Jacinthe Tremblay.
Une tache sur la lune, c’est l’histoire d’un couple qui évite d’ouvrir une lettre. Comme la missive est adressée à la maison et non directement à eux, l’homme et la femme n’osent pas dévoiler son contenu et la jettent… Mais la lettre revient toujours. "C’est digne des grands maîtres de l’absurde, mais ça demeure compréhensible, ancré dans le réel. Ce que j’essaie de travailler avec les acteurs, c’est tout ce que sous-tend le texte, les motifs obscurs, les agissements en dessous de ce que les personnages sont en train de vivre. C’est très quotidien comme théâtre, mais on fly dans la fantaisie."
Pour les deux rôles principaux, la "metteure en lecture" a fait appel à Louisette Dussault et André Poulain. Alexandre Leclerc et Pascale Tremblay complètent la distribution. "On est dans une histoire de douleur humaine, de cruauté dans les rapports humains, tout en étant dans un genre comique. J’ai choisi ces acteurs parce qu’ils étaient capables de porter cette dimension, mais avec une profondeur, en enrichissant le personnage par de vraies émotions."
Jacinthe Tremblay souligne que les comédiens feront fi du fameux quatrième mur au cours de la lecture de dimanche. "On peut quand même le travailler dans le cadre d’une mise en lecture, ne pas nécessairement regarder le public, mais dans ce cas-ci, l’auteure propose que les personnages lui parlent directement. On perce donc le mur." Soyez du nombre à profiter de cette brèche.
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