Mustang : 24 heures chaos
Scène

Mustang : 24 heures chaos

Avec Mustang, les Turcs Gobeurs d’Opium roulent à vive allure sur la route la plus au nord du Québec, là où l’isolement vous rattrape dans le détour.

Mustang, la nouvelle création des Turcs Gobeurs d’Opium, débute par un immense big-bang. L’univers engendré ressemble à un chaotique feuilleton de série B, une immersion dans le triste quotidien de personnages pour qui le bonheur ressemble à un après-midi devant la télé à écouter Dirty Dancing qui passe en reprise à TVA.

Dans le Nord du Québec, sur la route enneigée de la Transtaïga, une Plymouth et une Mustang ne peuvent s’éviter. En plein coeur de la nuit, c’est la collision. Aucun corps ne sera éjecté des bolides, mais l’impact fera ressortir les drames vécus au cours des dernières 24 heures. Grâce à différents retours en arrière guidés par une horloge qui domine la scène, on apprendra pourquoi Cindy-Loo Bluteau (Marianne Roy) a tué Renald Bibeau (Alexandre Leclerc), le mari de Bonnie (Véronique Laroche), mari que Mickey Bluteau (Jean-Moïse Martin) s’apprêtait à enterrer aux abords de la chaussée.

Comme dans le film Fargo des frères Coen, l’intrigue de Mustang s’articule autour d’un mort. Le macchabée est plus facile à faire disparaître qu’à oublier, car tous les personnages sont seuls pour affronter leurs tourments, leurs "cicatrices éternelles". Ils subissent les contrecoups de l’isolement. Aucun d’eux ne sait communiquer convenablement. Tous préfèrent laisser parler leurs gestes, par le sexe ou la violence. En écoutant du Nirvana, ils se rassurent, se convainquent que tout ira bien, sauf qu’à Sainte-Johanne-des-Calvettes, les secours n’arrivent jamais.

Avec la confiance du mort qui n’a plus rien à prouver, Leclerc offre la performance de jeu la plus solide (tout en nous faisant rire), suivi de près par Martin, qui navigue habilement entre la peur et la rage. Les personnages féminins ont moins de substance, mais un détail de celui de Laroche (Bonnie est enceinte) donne une tout autre dimension au dénouement de la pièce.

Tissé de manière parfois grossière, le récit ne bénéficie pas beaucoup de sa structure par flashs-back, mais ça n’enlève rien à la portée poétique des dialogues d’André Gélineau. Ce dernier signe une mise en scène qui donne de l’élan à cette "pièce coup-de-poing", aidée par la musique de Michel G. Côté et les costumes d’Elen Ewing.

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