Gary Kurtz : Magicien sans frontières
Gary Kurtz aime vous éblouir pour mieux vous faire réfléchir. En collaboration avec le metteur en scène Alexis Martin, il porte un regard métaphysique sur l’existence dans son nouveau spectacle, Le Monde selon Kurtz.
Lorsqu’il est sur scène, Gary Kurtz aime parler d’une planète qui l’émerveille: la Terre. Mais aussi du système solaire et de l’univers tout entier. Les images défilent en arrière de lui pour soutenir son propos: coquillages préhistoriques et galaxies. Les citations de philosophes, scientifiques et auteurs se suivent: Nietzsche, Einstein, Calvino. Tel Hamlet, un crâne dans la main, il discute avec lui-même du mystère qui entoure l’existence.
"Mon discours est un peu antireligions, admet-il. Tous ces dieux que nous avons créés à notre image… En fait, cette introduction, elle était au préalable dirigée contre les religions. Mais j’ai coupé dans le texte pour revenir à une idée générale. Je ne suis pas sur la scène pour insulter les gens dans leurs croyances et leur foi. Il y a une forme d’équilibre dans ce spectacle. Je comprends que les gens veulent croire en quelque chose de plus grand. Moi, de mon côté, je suis quelqu’un qui demeure très rationnel. Je ne voudrais pas être responsable de fausses croyances. C’est pour ça que je dis en spectacle: "Imaginez que c’est possible." Imaginer, c’est ça qui importe."
Après 25 années de métier, le mentaliste considère que c’est la première fois qu’il fait un spectacle à son image, avec le concours du metteur en scène Alexis Martin. Il semblerait que Gary Kurtz ait finalement trouvé sa niche dans le monde de l’illusion. "Refaire ce que je faisais depuis 25 ans, ça ne m’intéressait pas, indique-t-il. Alexis Martin m’a beaucoup encouragé dans cette nouvelle direction. Il croyait dans cette approche, disons, plus philosophique et existentielle. Nous sommes quand même allés voir beaucoup de spectacles à Las Vegas. De magie et d’hypnose, des grandes productions. Mais il n’était pas question d’imiter ça, il fallait trouver autre chose. Du moins, quelque chose de plus profond. Un deuxième et un troisième degrés. Pour que les gens puissent se laisser guider vers un monde parallèle au lieu d’assister à une simple mascarade d’effets spéciaux et de costumes excentriques."
Pour ce grand voyageur, qui nous avoue avoir essayé, sans succès, d’entrer dans le moule de la société (mariage, foyer et famille), l’urgence de s’ouvrir à l’inconnu est fondamentale. Passionné des déserts – peut-être le seul argument qui pourrait l’amener à se produire à Las Vegas – et féru de photographie, il tente de faire le lien entre ses talents d’illusionniste et sa vision du monde. "Je suis allé au Costa Rica plusieurs fois et j’ai vu cette coupure avec la nature s’opérer dans un village qui avait un mode de vie traditionnel. Un jour, ces paysans étaient heureux et parfaitement conscients de leur environnement. Quelque temps plus tard, ils sont tous concentrés sur un écran de télé avec des chaînes américaines. Alors, ils sont tous malheureux et mécontents. Ils se sentent misérables et pauvres."
"Les gens ont perdu contact avec le monde qui les entoure, ajoute-t-il. Les humains sont coupés de la nature et ce n’est pas normal. Et on s’imagine être des petits dieux!"
Les 26 et 27 décembre
À L’Étoile (Brossard)