Le Déclin des soleils de glace : Un grain de sable dans l'engrenage
Scène

Le Déclin des soleils de glace : Un grain de sable dans l’engrenage

Après l’incommunicabilité, la solidarité, l’individualisme, le vide, le trop-plein et la perte de contrôle, le Théâtre À bout portant récidive et jette de nouveau un regard éloquent sur la société avec Le Déclin des soleils de glace.

L’individu se donne un cadre, s’impose des limites, s’incruste au creux d’une corrosive habitude forgée à même des jours qui ne sont que des calques fidèles de ceux qui les précèdent, présageant sans relâche ceux qui les suivront. Une ornière infranchissable. Une existence réglée au quart de tour qui use sans coup férir la liberté… Qu’arrivera-t-il quand l’inévitable grain de sable s’insinuera dans les engrenages des obligations?

C’est à partir de ce thème que Vicky Côté, directrice artistique du Théâtre À bout portant, a senti le besoin de créer sa toute nouvelle production, Le Déclin des soleils de glace. Au centre, "une femme trop bien ancrée, dans un carcan trop bien réglé". Une envie de cerner les mécanismes de la routine et de trouver, scéniquement parlant, des moyens pour la faire déraper.

FEMME ORCHESTRE

Appuyée sur une démarche artistique singulière (et reconnue par une série de prix reçus au cours des deux dernières années), Côté se lance de nouveau dans un solo alliant jeu corporel, danse et manipulation… un solo marqué, cette fois-ci, par une totale absence de texte: "Habituellement, je le laisse venir en cours de création, mais cette fois, il ne s’est pas présenté."

Ce solo dépasse aussi, en quelque sorte, le cadre de la scène pour déborder dans le champ même de la création. Agissant à titre de principale créatrice, Vicky Côté conçoit également – outre la mise en scène – l’espace et l’éclairage, ne pouvant dissocier l’esthétique du propos, le contenant du contenu: "Pour moi, ça va de soi. Je ne peux pas penser mon spectacle sans penser aussi au lieu dans lequel ça se passe. Je ne vois pas comment je pourrais laisser ça dans les mains de quelqu’un d’autre", affirme-t-elle. Peut-être est-ce l’ingrédient qui donne toute la force de ses propositions?

Un solo qui fait toutefois appel à des collaborateurs, nécessaires dans un tel contexte, des appuis solides et efficaces, dont Janine Fortin au son, Ysabel Sheehy aux costumes et Serge Potvin à la réalisation des mécanismes. Tout penser est une chose… tout faire en est une autre!

CONTRAINTES

Pour marquer scéniquement l’assujettissement au quotidien, l’esclavage des acquis qui font oublier l’insouciance, Côté se donne une série de contraintes, à commencer par un espace de jeu réduit. "L’espace restreint auquel le personnage se confronte devient aussi contraignant que le poids de la routine qu’il transporte." Ces espaces limités se retrouveront sous une installation surprenante – de cordes et de poulies! – qui fait encore une fois honneur aux productions antérieures et qui dénote un véritable sens artistique interdisciplinaire.

Alors que ce tout nouveau spectacle prendra l’affiche très bientôt, Vicky Côté confie avoir déjà en tête assez d’idées pour au moins deux autres projets. À suivre!

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