Marie-Josée Bastien : Réaction en chaîne
Scène

Marie-Josée Bastien : Réaction en chaîne

En 2008, Marie-Josée Bastien créait … et autres effets secondaires avec les finissants du Conservatoire. Seconde reprise d’une pièce dont le sujet s’est mué en cause.

Chaque année, les finissants du Conservatoire doivent produire une création. Il y a deux ans, Marie-Josée Bastien et ses étudiants ont écrit … et autres effets secondaires, un spectacle sur la schizophrénie qui figure pour une deuxième saison à la programmation de Premier Acte, en plus d’avoir été en nomination pour le Prix de la critique catégorie Québec de l’Association québécoise des critiques de théâtre.

Pour cette nouvelle série de représentations, la pièce demeure essentiellement la même, à cette exception près que trois comédiens ont dû être remplacés. "Puisque le spectacle est intimement lié à l’acteur, le fait de jouer avec d’autres personnes change l’énergie, observe la metteure en scène. Ça déstabilise tout le monde, mais dans le bon sens. On est obligés d’expliquer notre cheminement, donc, de se replonger dans la situation."

De même – et à l’instar de Benoît, leur personnage principal, un homme en quête de son passé -, elle retourne en arrière pour relater la genèse du projet. "On voulait travailler sur la maladie mentale, on trouvait que ce serait intéressant à jouer, raconte-t-elle. Puis, c’est devenu un engagement plus important et précieux. On a rencontré un psychiatre, on est allés dans des centres de santé, de jeunes, etc."

Ensuite, ils ont commencé à travailler sur l’histoire d’un schizophrène itinérant. "Il a fait quelque chose de mal, on ne sait pas quoi, et, en flash-back, on voit son enfance, son adolescence, la soirée où tout a basculé, son rapport avec sa mère, son père, sa soeur et ses amis", résume-t-elle. Cette approche éclatée, conjuguée à leur volonté de "s’en tenir à l’essentiel", fait en sorte que la pièce se décline en un florilège de courtes scènes.

Or, pour elle, il était crucial que ces fragments s’enchaînent avec fluidité. "J’avais envie que ce soit un tourbillon, comme les souvenirs qui se bousculent quand, par exemple, une odeur nous ramène à notre enfance. Qu’on puisse passer rapidement du moment réel à sa mémoire", explique-t-elle. Ce qui peut aussi évoquer la brusquerie avec laquelle la maladie se manifeste parfois.

Plus concrètement, elle indique: "Je voulais un décor hyper léger et, en même temps, utiliser le corps, la voix de l’acteur comme décor, comme ambiance, comme personnage", poursuit-elle. La scénographie se limite ainsi à une table et quatre chaises, Benoît dessinant lui-même les accessoires liés à ses souvenirs. Tandis que, pour les comédiens, le défi est de changer de personnage en un clin d’oeil.

Enfin, l’idée d’une onde de choc (premier titre de la pièce) a beaucoup orienté la création. "Lorsqu’un événement se produit, ça a une incidence sur la famille, les amis, le social, la vie en général", précise-t-elle. Ils ont d’ailleurs créé les personnages dans cet ordre, du schizophrène aux figurants. Après quoi, la vague a rejoint les spectateurs, dont plusieurs sont ressortis du spectacle avec l’impression de mieux comprendre la maladie, voire avec un esprit plus ouvert. Et la propagation continue…