Paul-André Fortier : Cabane, ouvre-toi!
Scène

Paul-André Fortier : Cabane, ouvre-toi!

Un des chefs de file de la danse contemporaine au pays, Paul-André Fortier, s’arrête à La Rotonde pour présenter Cabane, une création ludique, surréaliste et… faite maison.

Paul-André Fortier n’a pas l’habitude des sentiers battus. À preuve, une de ses récentes créations, intitulée Solo 30×30, lui a fait parcourir plusieurs villes du monde où, durant 30 jours consécutifs, il présentait un solo de 30 minutes dans un lieu extérieur choisi.

C’est d’ailleurs lors de ses voyages autour du globe que l’idée de Cabane a germé en lui; d’abord, au Japon, où le danseur est "tombé en collision" avec des cabanes dans une expo d’art contemporain à Yokohama, puis à Nancy, en France, où il a dansé sur le toit d’une cabane pour chauffeurs d’autobus. De là s’est amorcée sa réflexion sur cette thématique "universelle": "La cabane, c’est un lieu magique où tout est permis. C’est un objet qui fait rêver, qu’on soit enfant ou adulte."

Fortier a donc conçu lui-même une cabane, à la fois objet scénique, oeuvre d’art et installation: "C’est une cabane surprenante! Elle est articulée, sonorisée, instrument de percussion… Elle est devenue, au fil des représentations, une personne à part entière", confie-t-il.

LAUREL ET HARDY

Évoluant autour de ce personnage central, Fortier et son ami de longue date, le musicien, écrivain et artiste visuel Rober Racine. "Il n’y a pas d’histoire, mais une série de situations assez loufoques. Nos personnages sont à l’opposé l’un de l’autre, un peu comme le couple de Laurel et Hardy au cinéma. C’est à la fois ludique, absurde dans les situations… Finalement, ça ressemble pas mal au monde dans lequel on vit!" dit-il en riant.

Rober Racine joue la musique en direct durant le spectacle, sur divers objets détournés de leur fonction première, comme un sommier métallique. "Rober danse aussi beaucoup, même il n’est pas du tout danseur de formation. C’est tellement attachant et émouvant de le voir, et les spectateurs peuvent s’identifier à lui."

Fortier a aussi fait appel au cinéaste Robert Morin, qui s’est inspiré d’un livre de dessins de vautours de Rober Racine pour créer deux séquences d’images qui sont projetées sur la cabane. "Ses interventions deviennent une espèce de ponctuation poétique dans le spectacle", ajoute le chorégraphe.

LA MAGIE DU DIY

Par manque de moyens, le chorégraphe a dû créer une cabane à peu de frais, en utilisant des matériaux recyclés. Cet obstacle a finalement dicté toute l’esthétique DIY du spectacle et son refus de tout artifice: "C’est un spectacle où toute la machine est montrée. On voit les deux techniciens manipuler les acétates pour l’éclairage, entrer dans l’aire de jeu pour manipuler des objets trop lourds. En fait, la pièce est devenue un quintette à cinq personnages avec la cabane, Rober, moi et eux!"

Derrière cette esthétique, la volonté d’arriver à créer la magie avec presque rien: "Nous sommes à l’ère des technologies sophistiquées, mais j’ai pris le pari de faire de la magie en n’utilisant absolument rien de tout ça, en faisant un show totalement indépendant de la machine théâtrale habituelle. Et je pense que j’y suis arrivé!"