Bill Coleman : Évolution de l’espèce
Bill Coleman rassemble une quinzaine de musiciens du légendaire Sun Ra Arkestra et une dizaine de danseurs de haut vol pour jeter un regard drôle et émerveillé sur l’évolution de l’humain dans Hymn to the Universe.
Créé en 2008 à Toronto, Hymn to the Universe a figuré au Top 10 danse du Toronto Star et a récolté le titre de Best Live Music dans Eye Weekly. Cela n’a rien d’étonnant quand on voit la magnifique brochette d’artistes de la distribution. Commençons par les danseurs avec le chorégraphe Bill Coleman et sa complice de vie et de création, Laurence Lemieux, dont on apprécie régulièrement les talents dans les oeuvres présentées par Coleman Lemieux & Compagnie, fondée en 2000. Ensuite, il y a de grosses pointures comme Margie Gillis, qu’on ne présente plus, Carol Prieur, muse de Marie Chouinard sacrée "danseuse de l’année" par le magazine européen Tanz, son collègue Won Myeong Won, la danseuse étoile du Ballet national du Canada Heather Ogden, Michael Marye du Toronto Dance Theatre, ainsi que Michael Caldwell, Jennifer Dahl, Mairi Grieg et Yuichiro Inoue.
Et puis, il y a le Sun Ra Arkestra, band mythique qui tourne depuis les années 1950 et a joué tous les styles de jazz, y introduisant dès les premières heures la musique électronique et la space music. "J’aime la musique en direct et je cherchais quelque chose qui pourrait commenter et compléter les chorégraphies que je travaillais en m’inspirant des écrits de Teilhard de Chardin sur l’évolution de l’homme, explique Coleman. En prédisant une connexion harmonieuse des humains tout autour de la planète, il avait eu la merveilleuse vision de l’avènement du cyberespace et d’Internet. Et comme Sun Ra était aussi un penseur qui avait développé une philosophie cosmique avec le mantra "Space is the place", j’ai pensé que la musique et l’esprit de son orchestre correspondaient bien à ce que je voulais."
Aujourd’hui dirigé par le saxophoniste alto Marshall Allen, âgé de 85 ans, le Sun Ra Arkestra est tout aussi psychédélique qu’il a pu l’être à ses débuts, et ses musiciens, qui ne terminent jamais un spectacle sans défiler dans le public, portent des costumes d’une délicieuse extravagance. "C’est le côté sauvage du jazz, lance Coleman. Ils ont quelque chose comme 200 albums! Je suis remonté jusqu’aux années 1950, j’ai choisi des morceaux dont ils avaient parfois oublié l’existence, j’ai fait des demandes spéciales de morceaux de Duke Ellington et Louis Armstrong, et leur ai demandé de créer des sections."
Dans une Cinquième Salle transformée pour l’occasion en cabaret intersidéral, 10 vignettes chorégraphiques, solos et duos, posent un regard original sur l’évolution de l’espèce humaine et de la conscience. On y voit, entre autres, une naïade sensuelle évoquer l’ère où nous n’étions que des poissons, un danseur de claquettes émerger d’un tas d’ossements humains, ou encore le dieu Krishna diriger l’orchestre avec son corps. "C’est un spectacle très spécial, fou, qui célèbre la vie, la danse, la musique et la créativité. Un grand moment de plaisir."