Sursaut / Francine Châteauvert : Danse, Sherbrooke, danse
Musique

Sursaut / Francine Châteauvert : Danse, Sherbrooke, danse

Sursaut célèbre ses 25 ans avec un spectacle qui permet à la compagnie de danse sherbrookoise de revisiter son passé. Entretien avec sa directrice artistique, Francine Châteauvert.

Pour Francine Châteauvert, l’appel de la danse est venu en 1985. Subséquemment, tel un acte de foi, elle a planché sur différents projets dans la métropole et les Cantons-de-l’Est. "J’étais chorégraphe indépendante", précise cette grande dame des arts de la scène. En 1987, on l’a invitée à faire partie d’un spectacle de Sursaut; à ce moment, la compagnie sherbrookoise avait seulement deux années d’existence dans le corps. Peu de temps après, Châteauvert hérita du titre de directrice artistique. "On a commencé à faire des productions et, depuis, ça n’a pas arrêté, résume-t-elle. J’ai pu y faire mes projets tout en respectant le mandat de la compagnie, qui est de faire du "jeune public"."

Vingt-cinq ans de Sursaut, c’est 25 ans de hauts et de bas, mais ce sont surtout les bons moments qui viennent à l’esprit de Châteauvert. "Je me souviens de notre première tournée, en 89. Ça nous a beaucoup stimulés. Au départ, on dansait dans les écoles, et en 91, on a cessé pour ne le faire que dans les salles de spectacle. Ce fut un tournant." Parmi les hauts faits de la compagnie, il y a Le Bal sans fin (1993), une production qui lui a ouvert plusieurs portes quant à la diffusion en province. Et à partir de 1998, la diffusion hors Québec est devenue possible grâce à la création Les Excentriques. "En danse, plus tu passes du temps sur scène, plus tu évolues. Pouvoir diffuser des productions pendant quatre ou cinq ans, c’est fantastique."

Stable dans le mouvement

En 2010, avec la compagnie bien installée au coeur du Centre des arts de la scène Jean-Besré, Francine Châteauvert jouit d’une certaine stabilité. "On a une continuité dans notre équipe. C’est précieux. On a donc des acquis, mais il faut encore se battre pour les garder. Il faut continuer de performer." D’autant plus que la directrice artistique se considère en marge. "On est à l’extérieur du milieu de la danse et on y reste. Le nom de Sursaut est connu, mais les gens de la métropole se déplacent peu. Sans généraliser, je dois dire que le "jeune public" est malheureusement encore perçu comme du développement de public. C’est désolant."

Ce mandat de concevoir des spectacles qui sauront plaire à la jeunesse fut une sorte de salut pour Sursaut. "Ça a permis une diffusion plus large. Au départ, on était presque les seuls au Québec. Ce n’est plus le cas. C’est l’fun de voir les différentes signatures." Quelle est celle de Sursaut? "Contemporaine, mais sans surcharge, dans la simplicité et la théâtralité physique. En général, c’est joyeux, sans être léger. On se distingue d’un courant plus sombre en danse contemporaine. De plus, je vis en milieu rural et ça se voit dans mon travail."

Le meilleur de Sursaut

Les 25 ans de Sursaut culminent avec un spectacle-collage des bons coups de la compagnie. "C’est une idée de fous, une sorte de bilan à partir de ce que je considère comme les moments forts chorégraphiquement, les personnages qui distinguent ma démarche artistique. J’y suis allée avec le coeur." Plusieurs productions seront revisitées, mais le spectacle ne suivra pas un ordre chronologique afin de faciliter les transitions. Il y aura 23 danseurs sur scène, incluant les enfants des extraits de Casse-Noisette et le roi des rats (1994), un autre grand succès de Sursaut.

Ce spectacle, c’est aussi l’occasion de se questionner sur l’état de la danse à Sherbrooke. À ce sujet, Francine Châteauvert précise que son point de vue en est un de l’intérieur. "Il n’y a pas beaucoup de relève. Des jeunes danseurs, des chorégraphes professionnels, il y en a peu à Sherbrooke et on en a besoin. Il faut qu’ils émergent. La passation du flambeau, ce n’est pas pour maintenant, mais il faut y penser."