Traces : Bribes d'histoire en sept tableaux poétiques
Scène

Traces : Bribes d’histoire en sept tableaux poétiques

Dans le cadre du programme Saguenay, Capitale culturelle du Canada, le Café-théâtre Côté-Cour de Jonquière offre au public de revisiter l’histoire de cet arrondissement avec Traces.

Jonquière. Ville de bois, de pâtes et papiers, d’aluminium, d’hydro-électricité. Ville industrielle par excellence avec ses quartiers ouvriers, ses sections anglophones et son patrimoine architectural – notamment celui d’Arvida, digne de l’Unesco. Ville de personnages plus grands que nature. Ville de culture populaire avec ses festivals d’envergure, son night life légendaire, ses théâtres et ses organismes culturels.

C’est à partir de ces constats que Réjean Bouchard, directeur du Côté-Cour, a d’abord abordé le CRI et La Rubrique (en vue d’une coproduction qui aboutira, finalement, à confier le volet artistique à l’un et l’aspect administratif à l’autre) pour concevoir, avec eux, un spectacle où la ville tiendrait la vedette… De fil en aiguille, les textes et la mise en scène échurent respectivement, à titre de première expérience professionnelle, à Marc-André Perrier et Marilyne Renaud.

MOTS ET SOUVENIRS

Rompu à l’écriture poétique, membre du mouvement 3REG littéraire pendant quelque temps, Perrier, verbomoteur de nature, a écrit un texte dense, foisonnant de références historiques. Un texte où les dialogues laissent toute la place au poétique. Une écriture soumise au rythme et aux jeux de mots.

Il a concentré ses recherches sur la période allant des débuts de Jonquière jusqu’à la Révolution tranquille pour aborder, par des faits historiques, les grandes influences de l’industrialisation sur son urbanisation… ou, comme il le dit dans son langage imagé: "Je suis parti de Jonquière marécage pour me rendre au Jonquière centre du monde!" Sept tableaux comme tout autant de photographies impressionnistes…

DES CORPS EN SCENE

Pour la metteure en scène qui en est à ses premières armes, le défi était grand: faire passer les écrits à la scène. Pour y parvenir, elle a distribué le texte pour trois narrateurs (Sara Moisan, Patrick Simard et Jonathan Boies) qui le prennent en charge, tantôt racontant les événements, tantôt incarnant des personnages clés. Férue de danse, il va sans dire qu’elle donne de l’importance au corps: corps mouvement, corps bruiteur, corps porteur du geste qui guide le spectateur.

Les personnages ainsi créés se promènent, au gré des mots, entre le comique et le sérieux, créant une dynamique propre à l’histoire même de la ville: "Les gens ne se rendent pas compte de la vitalité de notre passé… de l’importance que Jonquière a eu dans le monde à une certaine époque!"

Et esthétiquement parlant? Le mot d’ordre est le même pour tous les concepteurs (Pierre Tremblay aux décors, Patrice Leblanc au son, Marilyne Tremblay à la lumière et Sara Moisan aux costumes): évocation. Le but n’est pas de construire une grande fresque historique comme le fit naguère La Fabuleuse, mais bien de suggérer des éléments du passé, de créer un espace de jeu éclaté qui pourra faire surgir les souvenirs.

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