Contes urbains 2010 : Brève scène 2010-12-01
Il y a déjà 16 ans que la compagnie Urbi et Orbi produit ses Contes urbains, un hymne à ce qui serait la base même du théâtre, à son pouvoir d’évocation fondamental. Supervisée par Martin Desgagné, l’édition 2010 comprend sept contes qui sont loin d’être du même intérêt. Pour renouveler la forme, réinvestir le genre, s’affranchir des clichés, surprendre, encore, après toutes ces années, il faut se lever de bonne heure. Trois contes se démarquent nettement des autres. Dans celui de Simon Boulerice, porté avec beaucoup de conviction par Frédéric-Antoine Guimond, il est question de solitude et de célébrité, des effets insolites que peuvent avoir sur un jeune homme plein d’imagination la voix de Mariah Carey et quelques gorgées de Cooler bleu. On rit autant qu’on s’inquiète de la détresse tout à fait contemporaine du personnage, de sa soif de reconnaissance. Dans le conte d’Étienne Lepage, défendu avec panache par Roger La Rue (photo), on reconnaît la voix singulière de l’auteur de Rouge gueule et Kick, sa fascination pour la part de violence dans l’homme, son talent à croquer l’adolescence. Pour des raisons de rythme, le conte de Fabien Dupuis ne fera peut-être pas l’unanimité, mais il reste que l’auteur et comédien aborde sans fausse pudeur la question du désir chez l’enfant et, plus tabou encore, celui d’un garçon pour sa cousine. Sur le plan thématique, le menu offre un certain nombre de constantes. Il est largement question d’adolescence, mais aussi de capitalisme et de déshumanisation sociale. Étrangement, la soirée se termine par les deux contes les moins réussis. C’est en vain que Véronique Pascal met tout son coeur à interpréter une victime de la mode aux mésaventures plutôt banales et que Jean Marc Dalpé patauge dans l’histoire sans queue ni tête d’Yvan Bienvenue, un thriller policier où il est surtout question de "grosses boules". Jusqu’au 18 décembre, à la Salle Fred-Barry. Billetterie: 514 253-8974.