Dirigés par Daniele Finzi Pasca, les joyeux saltimbanques du Teatro Sunil ravissent avec la poésie, la tendresse et l’humour de Donka, une oeuvre dans laquelle un clown s’adresserait à Tchekhov. Voilà la commande qu’avait reçue le metteur en scène suisse pour célébrer le 150e anniversaire de la naissance de l’auteur russe. Le résultat est une courtepointe de tableaux poétiques évoquant la vie et l’oeuvre de cet homme qui fut aussi médecin et qui mourut très jeune de la tuberculose. Ils sont reliés par le fil de saynètes clownesques avec des personnages d’aujourd’hui, qui posent un regard tendre et amusé sur la nature humaine et qui, de-ci de-là, livrent des anecdotes concernant Tchekhov. Car "la vie ne devrait jamais être représentée comme ce qu’elle est ou ce qu’elle a été, mais comme dans les rêves", dit l’un d’eux. Certains reconnaîtront les évocations claires ou plus subtiles de l’univers tchékhovien. Les autres se laisseront tout simplement porter par le flot d’images et de musiques de ce spectacle onirique dont on ressort le coeur léger et le sourire aux lèvres. S’il abuse un peu des ombres chinoises, le metteur en scène utilise le geste circassien avec parcimonie, lui donnant une fonction poétique, comme dans cette belle scène où la lutte du tuberculeux pour retrouver son souffle devient jonglage avec de grosses bulles d’air. Et si la structure de la première partie semble parfois flottante, l’espace et le temps sont pleinement habités par les huit excellents interprètes dans la deuxième partie. La magie y opère grâce au parfait accord entre action, composition, musique, éclairages et scénographie. Jusqu’au 18 décembre, à l’Usine C. Billetterie: 514 521-4493.