Les Denis Drolet : Rétro-brun
Scène

Les Denis Drolet : Rétro-brun

À la différence de plusieurs artistes qui profitent en douce des spectacles en région afin de tester leur nouveau produit, Les Denis Drolet jouent cartes sur table avec En construction.

Déjà 10 ans se sont écoulés depuis l’arrivée du burlesque duo Les Denis Drolet dans le paysage humoristique. Passés maîtres en matière de numéros déstabilisants et de chansons inexplicablement obsédantes, Vincent Léonard et Sébastien Dubé se sont constitué une horde de fans complètement dévoués. À cet effet, le "pas barbu du duo", Vincent, est visiblement émerveillé par cette espèce de culte qui leur est voué. "On n’a pas encore réussi à s’habituer au fait que des fans se présentent déguisés à nos spectacles. Tu ne verras pas ça au show d’un chanteur, en tout cas. On dirait que les gens se disent: "C’est ce soir ou jamais que je le fais. C’est le show des Denis Drolet pis je peux me le permettre." C’est vraiment spécial!"

Il faut savoir qu’au départ, la situation était bien loin d’être rose pour les deux hommes en brun. Leur première performance au Théâtre Saint-Denis lors du Festival Juste pour rire aura même été de l’ordre du cauchemar. "Pour notre numéro, on avait préparé quatre ou cinq bonnes jokes et une chanson pis on se disait que ça se passerait bien. Avant nous, il y avait un humoriste français qui critiquait les Québécois en disant qu’on n’avait pas de colonne, qu’on applaudissait pour n’importe quoi et qu’on ne disait jamais rien quand on n’aimait pas quelque chose. C’était le cocktail idéal pour que ça finisse mal. Il y a une gang qui s’est mise à nous huer et je suis sorti de scène complètement dévasté." Ironiquement, moins de deux heures après cette expérience traumatisante, le duo se donnait en spectacle dans une salle plus modeste devant un public en délire.

À la même époque, Les Denis Drolet ont passé à un poil de barbe de jouer au grand écran. "Un producteur nous avait approchés pour jouer dans un film et nous, on trouvait ça vraiment excitant. Le gars nous a convoqués en meeting et là, il s’est mis à nous expliquer que le film ressemblerait à celui des Blues Brothers. Après ça, il le comparait à plein d’autres films plus ou moins bons. Il nous voyait dans le rôle de deux policiers pis là, il me disait que j’allais être le personnage tendre et que j’allais pleurer dans une scène émouvante. Il avait même demandé à Sébastien de raser sa barbe. Ça donne un peu une idée du pourquoi on n’a jamais joué dans ce film-là."

Au grand bonheur de ses futurs fans, l’impossible duo se sera concentré sur sa présence sur scène tout en produisant quelques démos vidéo. D’ailleurs, l’un d’entre eux jouit d’une célébrité intarissable sur les Internets. On peut y voir une petite poupée se plaindre de douleurs dans une zone intime et s’adonner à certaines réflexions aux frontières de l’existentialisme douteux. Une réelle pièce d’anthologie.

Pour faire suite à ses deux spectacles (Au pays des Denis!, Les Droletteries), la paire brune a décidé d’offrir au public du nouveau matériel en construction, et ce, en vue de présenter en 2011 une troisième production. "C’est la première fois qu’on fait du rodage et à venir jusqu’ici, la réponse est meilleure que jamais. C’est un show très dénudé et sans décor. On a mis les numéros en scène dans le garage de Sébastien et JUST-TO-BUY-MY-LOVE en fait partie. Ce gars-là, c’est comme les méchants dans Pokémon, on peut pas s’en passer."

En présentant cet événement sagement intitulé En construction, les Denis Drolet font en quelque sorte un retour aux sources. Au dire de Vincent, il semble que ce soit pour le plus grand plaisir de tous. "Nous, on adore ça faire le tour des plus petites salles. Personne n’est à l’abri des attaques verbales de Sébastien et il y a vraiment une proximité avec le public dont on s’ennuyait!"

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