Naissances : Brève scène 2010-12-09
Le Nouveau Théâtre Expérimental, sous le règne de Jean-Pierre Ronfard comme sous celui de Daniel Brière et Alexis Martin, a toujours eu le mandat de chercher, d’expérimenter et de repartir à neuf dès qu’une habitude s’installe. Mais depuis quelques années, outre le très intelligent Lortie, la joyeuse bande semble faire ses récoltes dans des vallées plus ou moins fertiles. Après des expérimentations vidéo amusantes mais peu signifiantes (dans Le plan américain, entre autres), les voici à la recherche de nouveaux collaborateurs et de retour aux sources, dans un théâtre qu’ils disent low-tech, fait de matière brute, de minimalisme et de simplicité. Dans Naissances, exploration déambulatoire en cinq temps autour du concept de micro-théâtre, les cinq collaborateurs (Simon Boulerice, Francine Alepin, Catherine Vidal, Gary Boudreault et Stéphane Demers) parviennent rarement à dépasser le simple ludisme. Peut-être par manque de cohésion ou parce que la contrainte de base n’a pas été assez ramifiée, il résulte de l’exercice un propos intelligent mais prémâché sur l’origine du monde et la prolifération chaotique de la race humaine (Alepin) ou sur l’intimité et la soif d’une vie à deux (Boulerice et Demers, chacun à leur manière). Tous sont restés fidèles à eux-mêmes, intègres et entiers, mais subsiste l’impression que le très fécond thème de la miniaturisation n’a pas été mené au maximum de ses possibilités. Tout de même, les boîtes narratives de Vidal, riches en symboles comme en tensions dramatiques, méritent mention, comme la prose de Boudreault, qui réussit à discuter physique quantique sur le ton du conteur traditionnel. Belle et originale trouvaille. Jusqu’au 18 décembre, à Espace Libre. Billetterie: 514 521-4191.