Théâtre des gens de la place : La vie des autres
En présentant Appelez-moi Stéphane de Louis Saïa et Claude Meunier, le Théâtre des gens de la place devrait alimenter bien des conversations de cuisine autour des cours de théâtre amateur.
Impossible de se méprendre. François Laneuville (Providence) déteste le star-système et les charlatans du milieu artistique. D’ailleurs, lorsqu’on aborde la question de front, il s’emballe. Difficile alors de placer un mot. Il enfile les arguments, les exemples et les contre-exemples. Bref, on comprend vite qu’il est tout sauf Stéphane Sylvain, le personnage qu’il incarne dans Appelez-moi Stéphane, la nouvelle production du Théâtre des gens de la place.
Ce personnage en question est un prof de théâtre amateur qui, bien que sans véritable méchanceté, profite de la vulnérabilité des cinq élèves (Guy Baillargeon, Martin Bergeron, Marie-Andrée Leduc, Hélène Martin et Chantale Rivard) qui se sont inscrits à son cours du soir. Sous le prétexte de monter une création collective inspirée de l’histoire personnelle de chacun, il invite ses "disciples" à se confier, à fouiller dans les replis cachés de leur âme. Mais le frimeur apprend assez vite qu’on ne joue pas avec les émotions sans casser des oeufs… "C’est un peu la caricature de ce que le monde peut s’imaginer d’un cours de théâtre. Le pire, c’est que Meunier n’est pas loin de la réalité. Sauf qu’il l’a un peu changée. Il met un peu de clowneries dans tout ça", estime celui qui partage son temps entre les planches à Trois-Rivières, l’École de police à Nicolet et les plateaux de télé à Montréal. "J’en ai tellement vu, des gens manipulateurs qui se servent des faiblesses des autres. Stéphane, c’est un gars prétentieux, au-dessus de ses affaires, qui veut impressionner. Il est convaincu qu’il est un super acteur, mais il en devient un gars extrêmement désagréable. Pour le créer, je me suis un peu inspiré de trois ou quatre metteurs en scène que je connais. J’ai pris ce que j’aimais d’eux et ce qui me faisait rire." Eveline Charland, metteure en scène du spectacle et conjointe de Laneuville, ajoute: "Ce sont des clins d’oeil à des amis, évidemment. Le public ne verra pas ça."
JUSTE DU VRAI!
Celle qui a monté dans le passé des oeuvres de Dubé, Goldoni et Gravel ne le nie pas: Claude Meunier n’est habituellement pas sa tasse de thé. "Mais je ne rejette pas tout Claude Meunier. J’ai quand même toujours ri des Voisins pareil. Mais la portion que j’endosse moins de Meunier, c’est le côté caricatural dans la façon de jouer. Je trouvais ça moins pertinent dans une pièce québécoise qui se passe aujourd’hui. J’avais plus envie d’explorer le texte de façon réaliste. C’est sûr que c’est drôle. Il y a des blagues faciles. Mais quand elles ne sont pas soulignées au gros stylo, je crois que c’est encore plus intéressant."
La scénographie du spectacle sera par ailleurs épurée. "Le texte demande que ce soit une espèce de grande salle dans un centre des loisirs. Moi, j’ai voulu qu’on se retrouve plus chez Stéphane, dans le Studio théâtre Stéphane Sylvain. Bref, à la manière du Théâtre Et cetera ou de ce qu’était L’Eskabel", explique Charland. "Et ça, il y en a des dizaines et des dizaines au Québec!" ajoute Laneuville, avant de laisser de nouveau la parole à sa compagne. "Oui, ce n’est pas pour montrer quelqu’un du doigt à Trois-Rivières. C’est juste que je trouvais ça plus beau esthétiquement d’être dans un théâtre que dans une grande salle vide avec des chaises empilées, un piano et des affaires qui traînent!"
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