Fabrice Lemire / Quidam : Univers parallèle
Scène

Fabrice Lemire / Quidam : Univers parallèle

Sous la direction artistique de Fabrice Lemire, Quidam du Cirque du Soleil vient d’être présenté pour la première fois dans un aréna plutôt que sous un chapiteau. Transposition.

Le danseur et chorégraphe Fabrice Lemire est devenu directeur artistique de Quidam il y a huit mois. Son implication dans ce spectacle du Cirque du Soleil, né à Montréal en 1996 et vu par des millions de personnes sur cinq continents, demeure donc relativement récente. N’empêche, il a négocié lui-même l’important virage que la production vient de prendre, c’est-à-dire son passage du chapiteau à l’aréna. Cela, à l’occasion d’une grande tournée nord-américaine, qui s’arrêtera notamment à Québec du 4 au 9 janvier.

L’artiste originaire de Paris et vivant maintenant à New York n’a toutefois pas été trop dépaysé par l’expérience puisqu’il avait déjà travaillé sur ZAiA, un autre projet du Cirque, et qu’il avait pu se familiariser avec l’univers de Franco Dragone lors de sa participation à A New Day de Céline Dion à Las Vegas. "Il y a beaucoup de poésie dans Quidam. Franco Dragone, le créateur du concept, a toujours joué là-dessus. Je veux garder cette essence, cette sensibilité, indique-t-il. Le public n’est pas simplement un observateur qui reste en arrière et fait "Wow!", il part avec nous."

L’odyssée pour laquelle il s’embarque alors est celle de Zoé, une jeune fille qui cherche à tromper l’ennui en se réfugiant dans son imaginaire. Ainsi, comme les autres spectacles du Cirque, Quidam nous transporte ailleurs. À ceci près qu’il le fait en demeurant ancré dans notre monde, en nous parlant de nous en tant qu’individus anonymes au sein d’une société impersonnelle, en nous amenant à voir notre réalité autrement. Car l’héroïne s’inspire de ce qui l’entoure pour concevoir son monde onirique.

Selon Fabrice Lemire, cette notion d’évasion, interpellant tant les enfants que les adultes, expliquerait en partie la longévité de la production. "Sa beauté est qu’elle s’adapte à toutes les générations. Elle repose sur une idée toujours plausible et excitante pour tout le monde, observe-t-il. Il s’agit d’un spectacle touchant, qui nous fait beaucoup rire et qui nous garde sur le bout de notre siège avec ses prouesses acrobatiques."

Les "ajustements énormes" imposés par la transposition de l’oeuvre à un espace plus vaste jettent par ailleurs un jour nouveau sur ces numéros exécutés par une cinquantaine d’artistes internationaux (contorsion, banquine, cordes volantes, diabolos, roue allemande, équilibre sur canne, etc.). Le directeur artistique les redécouvre avec d’autant plus de bonheur qu’ils restent efficaces et fidèles au concept d’origine.

Par exemple, la modification de la structure servant aux prestations aériennes suscite un effet "impressionnant". Tandis que les éclairages ont été revisités afin de favoriser l’intimité. "Pour recréer des émotions, des moments de subtilité, des jeux de lumière, poursuit-il. Aussi, au lieu d’un chapiteau où le son s’éparpille et où les bruits de l’extérieur nous gênent, on a un isolement total et un système surround, qui nous mettent dans une ambiance incroyable!" Bref, "c’est différent, mais ça marche très fort", se réjouit-il.