Revue 2010 / Danse : Donner du mouvement
Un balayage rapide des points positifs qui ont marqué la scène et le milieu de la danse en 2010.
Le 20e anniversaire de trois organismes a rappelé le vigoureux développement de la danse contemporaine au fil des ans. L’Agora de la danse a fêté le sien en offrant à ses abonnés une invitation à la reprise de l’excellent Cabane de Paul-André Fortier; la compagnie Sylvain Émard Danse, en faisant danser son Grand continental par des comédiens et gens d’affaires avant de l’exporter au Mexique; et la Compagnie Marie Chouinard, en publiant un beau livre venu enrichir la maigre documentation existante sur le patrimoine chorégraphique québécois.
À ce titre, on s’est réjoui d’apprendre qu’on profiterait dès 2011 d’un espace virtuel dédié à l’oeuvre du regretté Jean-Pierre Perreault. Le président de la Fondation qui pilote ce projet, le chorégraphe-interprète Marc Boivin, a par ailleurs succédé à Anik Bissonnette à la présidence du Regroupement québécois de la danse, cette dernière ayant été nommée à la direction de l’École supérieure de ballet contemporain de Montréal et du Jeune Ballet du Québec.
Dans le cyberespace, mentionnons la naissance du blogue Le danseur ne pèse pas lourd dans la balance où l’interprète Catherine Viau milite pour la reconnaissance de ses pairs d’une plume agile et incisive. Et notons la création de l’Association québécoise des enseignants de la danse à l’école, dont on espère qu’elle favorisera une plus large initiation à cet art souvent boudé dans les écoles.
Du côté des spectacles, 2010 a incontestablement été marquée par le retour en force d’un Dave St-Pierre en pleine santé qu’on a vu danser sur plusieurs scènes et dans un clip de Yann Perreau. Parmi la génération montante, on a particulièrement apprécié la créativité de Jacques Poulin-Denis, la maturation de Frédéric Marier et de Marie Béland, l’intégrité de Caroline Dubois, l’ingéniosité de Séverine Lombardo, l’audace de Myriam Allard et Hedi "El Moro" Graja, et l’engagement de Normand Marcy qui a invité sa communauté à créer et à réfléchir de concert lors de l’événement Recommandation 63.
Chez les plus âgés, Danièle Desnoyers a osé la quête du beau et la suprématie du mouvement; Estelle Clareton a délaissé la théâtralité pour créer une danse d’une jouissive fluidité; Louise Lecavalier a repris un trop court extrait du répertoire d’Édouard Lock; la gestuelle d’Isabelle Van Grimde s’est ancrée plus profondément dans le corps et celle d’Harold Rhéaume s’est enrichie de la collaboration avec le Français Yvan Alexandre.
Des visites hors Québec, on retient la découverte de Freya Olafson et d’Isobel Cohen, le passage remarqué de Jo Strømgren aux Coups de théâtre; l’accent de Temps d’images sur Thierry De Mey; la pièce de Merce Cunningham au FTA; la visite des Australiens de Splintergroup et des Brésiliens de Grupo Corpo; et le retour de Meg Stuart et de Susanna Hood.
Flip /
Les films de danse au FIFA dont Quarantaine, coréalisé par le journaliste-professeur-conférencier Philip Szporer, récompensé cette année du prix Jacqueline-Lemieux.
Flop /
A-maze, la nouvelle création de Martin Bélanger, tellement conceptuelle qu’elle en devient absconse.
Top 5 – Danse /
1. Tous les noms (Mal Pelo / Agora de la danse)
Brillante étude sur le lien entre verbe et identité, déployée dans un dialogue sensible et équilibré entre danse, théâtre, son et lumière. Signée Pep Ramis et María Muñoz, une interprète d’exception.
2. Bibelot (Dave St-Pierre / Tangente)
Poignant solo de Dave St-Pierre sur son combat contre la maladie et sa renaissance après une greffe de poumons. De l’extrême vulnérabilité à l’éblouissement de la force retrouvée.
3. Le Zoo "Chaleurhumaine" (La Méta-Carpe / Tangente)
Installation chorégraphique du Français Michaël Cros pour la visite d’un zoo sans animaux où rugit en silence la monstruosité de la perversité humaine. Troublant et douloureusement efficace.
4. Cock-Pit (Wen Wei Dance / Agora de la danse)
Le Vancouvérois Wen Wei Wang intègre la maîtrise des danses urbaines de ses interprètes dans une oeuvre sur l’éveil de la sexualité masculine. Une grande beauté formelle et visuelle.
5. Dream on Track 1 (La Zampa / Tangente)
Invitée du Festival Edgy Women, la Française Magali Milian livre un puissant solo mis en scène par Romuald Luydlin. La difficile transformation d’une femme et l’émergence du désir.