Revue 2010 / Théâtre : Le top 5 théâtre de 2010
Scène

Revue 2010 / Théâtre : Le top 5 théâtre de 2010

1. Écume, création d’Anne-Marie White

Une oeuvre forte, aboutie au possible, sans prétention. Un récit très personnel, portant une charge universelle, qui vous berce au rythme des marées, qui vous borde et vous aborde avec grâce par sa poésie romantique et pourtant très urbaine. Un élixir étrange à la temporalité vaporeuse, élastique, dont chaque goutte a été absorbée avec grand bonheur. Probablement l’oeuvre d’une vie.

2. Les Justes, d’Albert Camus, mise en scène Stanislas Nordey

Au-delà de cette froideur clinicienne qui rend l’ensemble si difficile d’approche, on pénètre au coeur d’un texte au lyrisme dense et aux couleurs saturées d’humanisme. Chapeau à Nordey, qui a su jeter une lumière singulière sur le texte de Camus et qui, au final, a permis à celui-ci, au-delà de la justesse chirurgicale des comédiens, de la précision quasi militaire de la mise en scène, de rayonner comme seule vedette du spectacle.

3. Ciels, création de Wajdi Mouawad

Dernier chapitre de la tétralogie Le sang des promesses du dramaturge qui, à l’époque, en était à sa première année en tant que directeur artistique du Théâtre français du CNA. Dès les premières minutes, le spectateur se voit complètement investi et sollicité de toutes parts, confronté à une scénographie qui le confine dans un huis clos lors duquel le sort du monde semble se jouer sous ses yeux. Ce qui a surpris, c’est le jeu dichotomique proposé par chacun des comédiens qui, pourtant, collait avec conformité au texte de Mouawad.

4. Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges, de Michel Tremblay, adaptation théâtrale de Serge Denoncourt

Si le spectacle comportait son lot de maladresses lors de sa présentation initiale à la salle Odyssée, en août dernier, il faut saluer la justesse avec laquelle Denoncourt a su adapter et rendre sur scène ce récit ancré dans les moeurs québécoises du Québec de l’après-guerre. À propos du jeu, notre collègue Christian Saint-Pierre disait: "Ce serait bouder son plaisir que de s’arrêter au caractère scolaire de la mise en scène." En effet. Un divertissement troublant et efficace.

5. Moi qui me parle à moi-même dans le futur, création de Marie Brassard

Moins de deux semaines après avoir relevé avec brio le colossal défi qu’était Le fusil de chasse, la Trifluvienne Marie Brassard présentait, sur ces mêmes planches et en exclusivité nord-américaine, un objet artistique d’une pulsation on ne peut plus vibrante. Choisissant de laisser choir instinctivement sa proposition entre le théâtre, la poésie et le performing art, Brassard surprend, hypnotise et envoûte avec ses récits souvent schizophréniques empreints d’une nostalgie liée à l’enfance, qui traitent notamment de la trace que la créatrice laissera dans l’univers.